INTRODUCTION.
I la Géométrie eft univerfellement eftimée par les
grands avantages qu’on en retire, on peut dire qu’elle
ne fe fait pas moins admirer par l’évidence de fes con-
noiifances. Les Démonftrations Mathématiques ont
toujours terminé toutes les difputes, ôc elles ne permettent
pas de douter, ni de chicaner. La Géométrie a acquis ce ca
ractère d’évidence par le grand foin que les anciens ont pris
de n’admettre que peu de principes évidens par eux-mêmes,
ôc de ne donner, pour démonftration, que ce qui étoit conclu
évidemment de ces premiers principes. Cette Science a pris au
jourd’hui de grands accroiffemens , Ôc on l’a appliquée avec
fuccès à la Philofophie ôc à la pratique des Arts. Il eft donc plus
important que jamais de lui conferver toute fon évidence. On
lui a cependant reproché en bien des occafions, que les nou
veaux progrès qu’elle fait, font établis fur des maximes, la plu
part nouvelles ôc fujettes à conteftation; que ces maximes font
trop abftraites pour mériter quelque rang parmi les premiers
principes de l’ancienne Géométrie : ôc l’on a été jufques à pré
tendre que les Auteurs, qui ont le plus contribué aux dernieres
découvertes, fe font laiifés féduire par des paralogifmes, quoi
qu’ils ayent pris toutes les précautions convenables pour confer-
yer l’évidence dans leurs propofitions.
Dans la Méthode des indivifibles, on conçoit la ligne com
me compofée de points, les furfaces comme compofées de li
gnes, ôc les folides , de furfaces. Plufieurs Sçavans ont employé
ces hypothéfes pour prouver les anciens théorèmes, ôc pour en
découvrir de nouveaux par une route courte ôc aifée. Mais com-
Tome I. A