DES MATHËMATIQUES. Part.V. Liv. ÏIE 6i5
Ce problème a été fameux dans le 17 e siècle et au commence
ment du î8 e , par les efforts et les tentatives que les plus
grands géomètres firent pour en venir à bout; et comme c’est
principalement à ces tentatives qu’on doit les progrès immenses
que la dynamique a faits depuis ; la Grange en donne une fiis-
toire détaillée, pour montrer par quels degrés cette science s’est
élevée à la perfection où elle est parvenue dans ces derniers
temps. Mersenne avoit proposé ce problème à Descartes, qui
donna une règle, contestée par Roberval. Huygens vit qu’on ne
pouvoit déterminer ce centre d’une manière rigoureuse, sans
connoître la loi suivant laquelle les différens poids du pen~
dule composé altèrent mutuellement les mouveraens que la
gravité à tend à leur imprimer à chaque instant; mais au lieu de
chercher à déduire cette loi des principes fondamentaux de la
mécanique , il se contenta d’y suppléer par un principe indirect ,
lequel consiste à supposer que si plusieurs poids, attachés comme
l’on voudra, à un pendule, descendent par la seule action de la
gravité, et que , dans un instant quelconque, ils soient détachés
et séparés les uns des autres, chacun d’eux, en vertu de sa
vitesse acquise pendant sa chute , remontera à une telle hauteur,
que le centre commun de gravité se trouvera remonté à la même
hauteur d’où il étoit descendu. A la vérité, Huygens n’établit
pas ce principe immédiatement; mais il le déduit de deux hypo
thèses qu’il croit devoir être admises comme des demandes de
mécanique: l’une, c’est que le centre de gravité d’un système
de corps pesans, ne peut jamais remonter à une hauteur plus
grande que celle d’où il est tombé, quelque changement qu’on
fasse à la disposition mutuelle des corps ; car autrement le mou
vement perpétuel rie seroit plus impossible: l’autre, c’est qu’un
pendule composé peut toujours remonter de lui même à la même
hauteur d’où il est descendu librement. Au reste , Huygens
observe que le même principe a lieu dans le mouvemen t des corps
pesans liés ensemble, d’une manière quelconque, comme aussi
dans le mouvement des fluides. Huygens, de Horologio oscilla-
tonio, 1673. (La Grange, p. 174 )•
Jacques Bernoulli ayant examiné la théorie d’Huygens fit un
peu plus, mais il se trompa, et l’Hôpital le fit revenir; il en
résulta enfin la première solution directe et rigoureuse du pro
blème des centres d’oscillations ; solution qui contient le germe
du principe de Dynamique, devenu fécond entre les mains de
d’Alembert.
Il seroit trop long de parier des autres problèmes de dyna
mique qui ont exercé la sagacité des géomètres après celui du
centre d’oscillation , et avant que l’art de les résoudre fût réduit
à des règles fixes. Ces problèmes, que les Bernoulli, Clairaut,