DES MATHÉMATIQUES. Part. V. Liv. lit. 6 ;i 3
ment les mêmes solutions. On ne peut donc refuser de le regarder
comme un des principes fondamentaux de la nature et une des
clefs de la dynamique. Cette loi enfin est, comme le fait voir
Bernoulli dans son Discours sur la communie, du mouvement,
chap. 10, une suite nécessaire de deux autres déjà admises par
les mécaniciens ; savoir, i°. que dans tout choc de corps élas
tiques , la vitesse respective reste la même avant et après le choc ;
2°. que la quantité d’action, c’est-à-dire, le produit de la masse
des corps choquans et choqués, multipliée par la vitesse de leur
centre de gravité, est encore la même avant et après le choc ;
car si l’on suppose deux corps A et B portés l’un contre l’autre
avec des vitesses a et b, qui, après le choc , seront changées en
.27 et y, la première loi donnera a — b—y— æ, et la seconde
¿z A -4- é B rzr A .27 -h B y. En effet, la quantité A a -+- Bé est le pro
duit de chaque masse par sa vitesse propre, lequel est égal au
produit des niasses réunies, par la vitesse de leur centre de
gravité : car la première équation donne y-{- b— a -+~ x, et la
seconde B y—B b — A« — A 27. Ainsi, en multipliant le premier
membre de l’une par le premier de l’autre, et le second par le
second, on aura B y y— B bb^z A aa — A 27.27, ou A aa -4- B b b ™
A 2727 -h Byy, ce qui est le produit de chaque masse par le quarré
de sa vitesse avant le choc et après le choc,
Cette preuve de la vérité de cette loi me paroit plus forte que
celle que Bernoulli employa dans son écrit et qu’il déduisit de la
notion de la force vive. Tout le monde admet, dit-il, comme un
axiome incontestable,que toute cause efficiente ne sauroit périr ni
en tout ni en partie , qu’elle ne produise un effet égal à sa perte.
L’idée de la force vive , en tant qu’elle existe dans un corps qui
se meut, est quelque chose d’absolu, d’indépendant et de si
positif, qu’elle resteroit dans ce corps, quand même l’univers
seroit anéanti. 11 est donc clair que la force vive d’un corps dimi
nuant ou augmentant à la rencontre d’un autre corps , la force
vive de cet autre doit, en échange, augmenter ou diminuer de
la même quantité. Ce qui emporte nécessairement la conservation
de la quantité totale des forces vives. Aussi cette quantité est-elle
absolument inaltérable par le choc des corps. Ne pourroit-oa
pas dire que ce raisonnement est analogue à celui d’après lequel
Descartes croyoit prouver que la quantité de mouvement de voit
être constamment la même dans l’univers : ce qui n’est cependant
pas vrai ?
Nous avons remarqué, pag. 618 que le principe d’Huygensavoit
été étendu par les Bernoulli 5 mais jusques-là il n’a voit été
regardé que comme un simple théorème de mécanique : lorsque
Jean Bernoulli eut adopté la distinction établie par Leibnitz ,
entre les forces mortes, ou pressions qui agissent sans mouvement