6*8 HISTOIRE
avec celui de d’Alembert. Cependant tout en accordant à Fon
taine , dont la sagacité étoit extrême, l’honneur de la décou
verte de ce principe, nous ne croyons point que cela doive
diminuer la gloire de d’Alembert j il n’étoit point encore de
l’Académie quand Fontaine l’entretint des principes dont il
parle. Celui-ci ne publia rien qui pût mettre d’Alenibert sur
la voie ; et le grand usage que d’Alembert fit de son principe
lui en assure la propriété.
Nous ne quitterons pas cette matière sans dire quelque chose
de plus de l’ouvrage où d’Alembert ouvrit cette nouvelle voie.
Car indépendamment de l’exposition et de l’application du prin
cipe ci-dessus, ce traité contient beaucoup d’autres choses re
marquables. Telles sont en particulier des réflexions sur les
principes delà mécanique, qu’il réduit à trois, la force d'inertie ,
le mouvement composé, et l’équilibre, comme nous l’avons expli
qué , ( art. II). Et d’abord dans un discours préliminaire, écrit
comme celui de l’Encyclopédie, et où règne une métaphysique
profonde et lumineuse 5 il expose ses vues sur ce sujet d’une
manière à être entendue de tout le monde ; mais dans la pre
mière partie de son ouvrage, il reprend cette matière et la traite
more geometrarum, en établissant géométriquement ces prin
cipes d’après les notions métaphysiques les plus claires. En effet,
quoique admis et pris pour bases de leurs raisonnemens par
tous les mécaniciens , on pouvoit encore désirer que ces prin
cipes d’expérience fussent fondés sur une certitude métaphy
sique. C’est ce que fit d’Alembert dans cette première partie
de son ouvrage 5 et d’après ses démonstrations on peut et on
doit regarder ces principes comme d’une nécessité aussi rigou
reuse que les premières vérités élémentaires de la géométrie.
Remarquons toutefois ici qu’avant d’Alembert, Daniel Bernoulli
avoit eu un objet semblable au moins relativement à la com
position du mouvement qu’il démontre aussi more geomeira-
111m dans les Mémoires de Pétersbourg; mais la démonstration
de d’Alembert nous paroît avoir quelques degrés de plus de
concision et de clarté. Daviet de Eoncenex s’est aussi proposé
ce sujet, qu’il traite d’une manière savante et lumineuse dans
un mémoire qu’on lit dans le second volume des Mémoires de
Turin , en 1761.
Il en étoit encore du principe de la conservation des forces
vives comme de ceux de l’équilibre, et de la décomposition des
forces. Quoique employé sans cesse par les mécaniciens , il étoit
ce semble, plus démontré par l’accord, jamais démenti de ses
conséquences avec l’observation des phénomènes mécaniques, ou
avec celles tirées d’autres principes démontrés, qu’il ne l’étoit
à priori, et métaphysiquement. Il falloit en quelque sorte con-