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entre les mains de Galilée, comme nous l’avons dit, t. II. p. 187 ;
mais il s’en falloit bien que la mécanique fût en état de consi
dérer le mouvement à travers un milieu résistant5 et Galilée
suppose , au moins tacitement, qu’un fluide tel que l’air n’op
pose qu’une résistance insensible à un corps qui le traverse ;
mais cette science ayant fait des progrès considérables , les
géomètres ont osé envisager le problème sous ce nouveau point
de vue, et c’est un des problèmes les plus difficiles de la mé
canique et de l’analyse, en même-temps qu’il est un des plus
utiles ; mais jusqu’ici les théories d’artillerie sont encore fondées
sur la supposition de la courbe parabolique. Robert Anderson
donna en 1674, son Art of gunnery ; et Blondel, en i683,
son ouvrage intitulé Y Art de jeter tes bombes, où il tâcha même
de répondre aux objections qu’on avoit déjà formées sur la na
ture de la courbe décrite par un corps lancé dans l’air \ et
supposant toujours que la courbe parabolique estla véritable tra
jectoire d’une bombe , il calcula des tables dont il expliqua l’usage
avec des règles pratiques en faveur des artilleurs.
Depuis Anderson et Blondel l’étude des mathématiques
s’est introduite dans les écoles d’artillerie, mais la théorie de
la parabole y suffisoit, car elle a cet avantage d’être suscep
tible d’un calcul facile. Aussi tandis que les géomètres coin-
mençoient à douter que le jet des bombes, ou le tir du canon
dussent être traités d’après ce principe, Bélidor, dont onconnoît
d’ailleurs les travaux utiles, publia en 1784 son Bo?nbardier
François. Il ne doutoit pas que tous les problèmes relatifs à
cet art ne pussent être résolus d’après la théorie de la parabole ;
il assura même que les expériences qu’il avoit faites en 1725
et 1731 , s’accordcient avec la parabole. Sans doute il y eut des
circonstances qui en imposèrent à Bélidor, et lui firent tirer
cette conclusion ; car d’autres expériences faites avec beaucoup
de soin , donnent un résultat qui n’est pas à beaucoup près
conforme au sien. Il étoit bien facile de se détromper de
l’idée qu’un corps qui traverse l’air avec la vitesse d’un boulet
de canon, n’éprouve de la part de ce fluide qu’une résistance
nulle ou peu sensible ; car l’expérience apprend qu’un vent mé
diocre faisant 15 ou 18 pieds par seconde, exerce une force
très-sensible ; un fluide qui se meut contre une surface plane
avec des vitesses différentes exerce sur elle des impressions qui
sont à-peu-près comme les quarrés des vitesses ; les mathéma
ticiens ont conclu que l’effort d’un fluide rnu avec une certaine
vitesse contre une surface est égal au poids de la colonne de
ce fluide dont la hauteur seroit égale à celle d’où un corps
devroit tomber pour acquérir cette vitesse dans une seconde;
et comme un boulet de canon a mie vitesse de i5oo pieds par