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surface supérieure; il imagine ensuite que ne laissant qu’une
petite quantité d’eau , comme de quelques lignes, au-dessus de
l’ouverture, toute la partie au-dessus est comme glacée ou ré
duite en un corps solide de même densité, qui presse sur cette
lame d’eau restante ; il montre ensuite ou entreprend de montrer
que ce poids ne changera rien à l’écoulement de l’eau; que
cette eau solidifiée soit ensuite de nouveau liquéfiée, il n’y a
nulle difficulté à admettre que tout restera de même.
Tel est le raisonnement de Michelotti; comme au surplus le
médecin et mathématicien italien critiquoit assez fortement Jurin ;
celui-ci lui répondit dans les Transactions Philosophiques ,
de 1722, n°. 370. On y voit qu’ils différoient entr’eux plus
dans l’expression que dans les choses.
Je pourrois encore parler à ce sujet de plusieurs autres ma
thématiciens surtout italiens, tels que le P. Guido Grandi, qui
a joué un rôle distingué parmi ceux qui se sont attachés à cul
tiver cette partie si intéressante de la mécanique, de M. Eus-
îache Manfredi, aussi savant mécanicien que géomètre, qui a
enrichi d’excellentes notes l’édition du livre Délia natura
de’i Jiumi de Guglielmini, ce qui la rend d’un prix fort supé
rieur à toutes les précédentes ; de Geminiano Montanari , le
collègue de Guglielmini, dont on a aussi divers écrits sur le
mouvement des eaux. Je m’arrêterai cependant au marquis Po-
léni qui s’est spécialement attaché à cette partie de la mécanique*
et à fait sur ce sujet des expériences où il a mis beaucoup de
soin. Elles font en partie l’objet de son livre De castellis per
quae derivantur fluviorum aquae, &c. qu’il publia à Padoue*
en 1718, in-lp. Cet ouvrage avoit été plusieurs années aupara
vant précédé d’un autre sous le titre De motu aquae mixto *
(Patavii, 1697 , in-4°. ) où il traite principalement du mouve
ment des eaux entant qu’il a trait aux Æstuaria, aux ports et
aux fleuves. On lui doit aussi une nouvelle édition de Frontin ,
intitulée : S. J. Frontjni , de aquae ducûbus urbis Romae
commentarius, qu’il a enrichi d’amples notes. Mais nous noue
bornerons ici à quelques expériences tirées du premier de ces
ouvrages parce qu’elles ont plus directement trait à notre objet.
Une de ces expériences est celle par laquelle il a mesuré la
quantité d’eau qui s’écoule par l’ouverture percée au fond d’un
vase. 11 a trouvé par un grand nombre d’expériences que nom
mant A, l’ouverture, paf où l’eau s’écoule, H la hauteur de
l’eau au-dessus, la quantité d’eau sortant pendant un temps
déterminé étoit comme 2 AH x > tandis qu’elle devroit
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être précisément comme 2 A H, si au sortir de l’ouverture elle
jaillissoit avec une vitesse acquise par une chute de la hauteur