768 HISTOIRE
un peu au-dessous de la voûte du petit aspirateur qui y corres
pond , et que la hauteur de chaque petit aspirateur soit un peu
moindre que celle de l’eau contenue dans le grand.
Il résulte de cette disposition, que lorsqu’on donne à l’eau
du grand aspirateur la liberté de s’écouler par sa partie infé
rieure, l’air se dilate d’abord dans le long tuyau dont nous
avons parlé, et de suite dans les têtes de tous les petits aspi
rateurs avec lesquels ce tuyau communique; et qu’alors chacun
de ces derniers aspire l’eau du réservoir inférieur. Après cela,
lorsqu’on fait entrer l’eau de la source dans le grand aspirateur
l’air se rétablit d’abord dans son premier état, et alors l’eau
aspirée par chacun des aspirateurs, se dégorge dans le réservoir
voisin; desorte qu’après ces deux mouvemens, l’eau d’un ré
servoir quelconque se trouve avoir été portée dans celui qui lui
est immédiatement supérieur , et que l’eau de la source parvient
ainsi successivement jusqu’au réservoir le plus élevé.
On évalue l'effet d’une machine hydraulique , en déterminant
le rapport de la quantité d’eau qu’elie dépense avec la quantité
qu’elle peut élever dans le même temps, à la hauteur de la
quelle l’eau qui sert de moteur est descendue. Lorsque ces deux
quantités sont égales, la machine produit le plus grand effet
possible, ce qu’on appelle aussi l’effet total, et elle est plus ou
moins parfaite selon que la quantité élevée approche plus ou
moins de la quantité dépensée : Borda détermine ce rapport dans
la Machine du cit. deTrouville , en faisant d’abord une certaine
supposition de la hauteur[de,la source qui lui donne le mouvement.
Soit cette hauteur égale à un peu plus de 16 pieds , par exemple
16 pieds 6 pouces, et supposons que la voûte du grand aspirateur
soit au niveau de la source ; considérant ensuite tous les petits
aspirateurs comme réduits à un seul, parce qu’ils produisent
tous un effet pareil, soit la hauteur de la voûte de ce petit
aspirateur unique au-dessus du réservoir inférieur, égale exac
tement à 16 pieds; enfin, imaginons que le grand aspirateur
soit d’abord entièrement rempli d’eau , mais qu’il reste 3 pouces
d’air dans la tête du petit aspirateur, et que cet air ait la même
densité que celui de l’atmosphère ; supposons encore que le
niveau du réservoir dans lequel l’eau doit se dégorger, soit
3 pouces plus bas que la tête du petit aspirateur, et que le grand
et petit aspirateur aient la même étendue de surface.
Cela posé, si on fait écouler l’eau du grand aspirateur par
sa partie inférieure; on verra qu’elle descendra d’abord d’en
viron 3 pouces, sans produire aucun mouvement dans l’eau du
petit aspirateur ; mais qu’alors l’air se trouvant à-peu-près ré
duit à la moitié de sa densité première, la pression extérieure
de l’atmosphère qu’on suppose équivalente à une colonne d’eau