DES MATHEMATIQUES. Part. V. Liv. IV. 8ii
planté tout droit sur son piédestal, habillé en berger danseur,
<]ui joue une vingtaine d’airs, menuets, rigodons ou contre
danses.
On croiroit d’abord que les difficultés ont été moindres qu’au
flûteur; mais il faut faire réflexion qu’il s’agit de l’instrument
le plus ingrat, et le plus faux par lui-même. Qu’il a fallu ar
ticuler une flûte à trois trous où tous les tons dépendent du
plus ou du moins de force de vent, et de trous bouchés à moitié.
Qu’il a fallu donner tous les vents différens avec une vitesse
que l’oreille a de la peine à suivre ; donner des coups de langue
a chaque note jusque dans les doubles croches , parce que cet
instrument n’est point agréable autrement : l’automate surpas-
soit en cela nos tambourins , qui ne peuvent remuer la langue
avec assez de légèreté pour faire une mesure entière de doubles
croches toutes articulées ; ils en coulent la moitié : et ce tam
bourin automate jouoit un air entier avec des coups de langue
à chaque note.
Quelle combinaison de vents n’a-t-il pas fallu trouver pour cet
effet, disoit le j ournaliste ? il a fallu des découvertes dont on ne se
seroit jamais douté. Auroit-on cru que cette petite flûte est un
des instrumens à vent qui fatigue le plus la poitrine des joueurs :
les muscles de leur poitrine font un effort équivalant à un
poids de 56 livres, puisqu’il faut cette même force de vent, c’est-
a-dire un vent poussé par cette force ou cette pesanteur, pour
former le si d’en haut, qui est la dernière note où cet instru
ment puisse s’étendre. Une once seule fait parler la première
note qui est le mi : que l’on juge qu’elle division de vent il a
fallu faire pour parcourir toute l’étendue du flageolet provençal.
Ayant si peu de positions de doigts différentes on croiroit
peut-être qu’il n’a fallu de différens vents qu’autant qu’il y a
de différentes notes; mais le vent qui fait parler par exemple,
le re à la suite de Yut, le manque absolument quand le même
re est à la suite du mi, au-dessus, et ainsi des autres notes.
Il a fallu le double de différens vents, sans compter les
dièses pour lesquels il faut toujours un vent particulier. L’auteur
fut lui-même étonné de voir cet instrument avoir besoin d’une
combinaison si variée, et il fut plus d’une fois prêt à désespérer
de la réussite : mais le courage et la patience l’emportèrent.
Ce n’est pas tout : ce flageolet n’occupe qu’une main ; l’au
tomate tient de l’autre une baguette avec laquelle il bat du
tambour de Marseille; il donne des coups simples et doubles,
fait des roulemens variés à tous les airs, et accompagne en
mesure les mêmes airs qu’il joue avec son flageolet de l’autre
main. Ce mouvement n’est pas un des plus aisés de la machine.
Il est question de frapper tantôt plus fort, tantôt plus vite, et
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