DES MATHEMATIQUES. Part. V. Liv. IV.
gagner par la disposition et la combinaison des puissances mé
caniques , une force équivalente à celle qui est perdue. C’est
principalement à ce dernier point que s’attachent ceux qui veulent
resondre ce problème : mais comment et par quels moyens, peut-
on regagner une telle force.
Il est certain que la multiplication des forces ou des puis
sances ne sert de rien pour cela : car, ce qu’on gagne en puis
sance est perdu en temps ; de sorte que la quantité de mouvement
demeure toujours la même.
Jamais la mécanique ne sauroit faire qu’une puissance plus
petite, soit réellement égale à une plus grande ; par exemple ,
que 25 livres soient équivalentes à 100. S’il nous paroît qu’une
puissance moindre soit équivalente à une plus grande, c’est
une erreur de nos sens. L’équilibre n’est pas véritablement entre
iS et ioo livres mais entre 100 livres qui se meuvent ou tendent
à se mouvoir avec une certaine vitesse , et 2.5 livres qui tendent
à se mouvoir avec quatre fois plus de vitesse que les îoo livres.
Quand on considère les poids de 25 et ioo livres comme fixes
et immobiles, on peut croire d’abord que les 25 livres seules
empêchent un poids beaucoup plus grand de s’élever. Mais on
se détrompera bientôt si Pon considère l’un et l’autre poids en
mouvement ; car on verra que les 25 livres ne peuvent élever
les 100 livres qu’en parcourant dans le même temps un espace
quatre fois plus grand. Ainsi, les quantités virtuelles de mou
vement de ces deux poids seront les mêmes , et par conséquent
il n’y aura plus rien de surprenant dans leur équilibre.
Une puissance de 10 livres étant donc mue, ou tendant à se
mouvoir avec dix fois plus de vitesse qu’une puissance de 100
livres , peut faire équilibre à cette dernière puissance j et on
en peut dire autant de tous les produits égaux à ico livres»
Enfin , le produit de part et d’autre doit toujours être de 100,
de quelque manière qu’on s’y prenne ; si on diminue la masse ?
il faut augmenter la vitesse en même raison.
Cette loi inviolable de la nature ne laisse autre chose à faire
à l’art que de choisir entre les différentes combinaisons qui
peuvent produire le même effet.
Maupertuis, dans ses lettres sur différens sujets de philoso
phie , fait les réflexions suivantes sur le mouvement perpétuel»
Ceux qui cherchent ce mouvement excluent des forces qui
doivent le produire non-seulement l’air et l’eau, mais encore
quelques autres agens naturels qu’on y pourrait employer. Ainsi
Iis ne regardent pas comme mouvement perpétuel, celui qui
seroît produit par les vicissitudes de l’atmosphère, ou par celles
du froid et du chaud. Ils se bornent à deux agens, la force
d’inertie et la pesanteur, et ils réduisent la question, à savoir
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