Full text: La Renaissance dans les pays du Nord, formation de l'art classique moderne (Tome 5, 1. partie)

HISTOIRE DE L’ART 
pédantesques élucubrations : le Teuerdank el le Weisskunig. Les 
planches isolées sont très supérieures à ces cycles de commande ; l'une 
des plus saisissantes est la gravure en deux couleurs de 1510 qui repré 
sente la Mort exterminatrice : dans le fastueux décor d’un palais Renais 
sance dont la façade donne sur un canal de Venise, la Mort surprend 
deux amoureux, étouffe des deux mains le jeune guerrier qui râle sur le 
pavement de marbre, ei d’un geste brusque happe avec les dents la robe 
de la jeune femme épouvantée qui allait lui échapper. 
Parmi les « pictores Augustani » qui marquent la transition du 
gothique à la Renaissance, on peut citer encore Gumpolt Giltlinger, qui 
est représenté ¿a la Galerie d’Augsbourg et au Louvre par une Adoration 
des Mages pittoresque et bariolée ; Ulrich Apt l'Ancien, qui atteste un talent 
robuste dans sa grande Crucifixion de 1517 au Musée d’Augsbourg, el enfin 
Jôrg Brcu (Prew) dont le coloris blond trahit l'influence de Burgkmair. 
Ecole dl tyrol.— Le Tyrol, qui forme la frontière entre l’Alle 
magne et l’Italie, était encore mieux placé qu’Augsbourg pour servir de 
véhicule à la Renaissance. L’art italien devait nécessairement passer 
les Alpes avec les caravanes de marchands vénitiens et padouans qui 
commerçaient par la roule du Brenner avec les grands entrepôts de l'Alle 
magne du Sud. Vers le milieu du xv e siècle, une certaine activité artis 
tique se développa dans les petites villes tyroliennes qui servaient d’étapes 
entre Trente et Tnnsbruck : à Bozen, à Sterzing et surtout dans la petite 
cité épiscopale de Brixen, dont le cloître est décoré de curieuses fresques 
typologiques de Jakob Sunter, inspirées par le Spéculum humanæ Sal 
vationis. 
Le grand artiste tyrolien qui devait réaliser la fusion intime de l'art 
allemand et de Part italien est Michel Pacher. Sa vie est mal connue. 
Nous savons cependant qu'il naquit vers 1450 à Bruneck, dans le Pus- 
tertal, sur le versant italien des Alpes, et qu'il y mourut en 1498. On ne 
peut guère douter qu'il ait été en Italie. Le relief plastique de ses figures 
fait songer à Squarcione et à Mantegna : le bel équilibre de ses compo 
sitions et surtout sa science des raccourcis et de la perspective, si supé 
rieure à celle des autres Ouattrocentistes allemands, décèlent une con 
naissance approfondie de l’art padouan. Cependant il réussit à s'assi 
miler ces éléments étrangers sans renier son tempérament et sa race. 
Malgré les doutes émis par certains critiques qui revendiquent pour 
Veit Stoss les parties sculptées de ses retables, il semble bien que Pacher 
ait été à la fois sculpteur et peintre. A vrai dire, il reste sculpteur même 
dans ses tableaux, et certaines duretés dans le traitement des chairs ou 
des draperies s’expliquent sans doute par cette contamination. Son œuvre 
maîtresse est le retable de Saint-Wolfgang, près d'Ischl, dans la région 
des lacs du Salzkammergut (1477-1481). Ce retable monumental tig. 2'),
	        
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