Full text: La Renaissance dans les pays du Nord, formation de l'art classique moderne (Tome 5, 1. partie)

HISTOIRE DE L’ART 
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Pays-Bas est plus manifeste encore dans la décoration du grand hall 
(i 53i-1535) de iïampton Court : nous attribuerions à une main flamande 
toutes les figures des charpentes, si un texte précis n’assignait les 
pendentifs à Richard Rydgede Londres et les écoinçons à Michel Joyner. 
Les stalles de Cartmel Priory, Lancashire, un peu postérieures à 
celles de Christ Church, nous montrent, à côté de panneaux ajourés 
gothiques, des colonnes corinthiennes ornées de pampres d'un italianisme 
avancé. Mais le plus beau travail de hucherie de cette période a été la 
création des cent trente stalles et du jubé en chêne sculpté de Iving’s 
College, à Cambridge, ensemble exécuté de 1551 à 1534, sauf quelques 
rares adjonctions du xvu e siècle. On n’y trouve plus un seul détail de 
style gothique, mais partout, traités avec verve et saveur, des amours, 
des frises d’acanthe, des arabesques, avec une abondance toute britan 
nique de thèmes héraldiques ; si aucune intervention directe d'artistes 
italiens n’est évidente, un grand nombre de détails, surtout le profil très 
compliqué des colonnettes en bois tourné, rappellent l’art hollandais. 
Les stalles de Cambridge, associant les initiales d’IIenri VIII et 
d’Anne Boleyn, marquent l’époque des démêlés avec Rome. En 1539, la 
mainmise du roi sur les monastères ouvre l’époque des pertes irréparables 
pour l'art anglais. Les petites abbayes, puis les grandes, dont l’importance 
était unique dans l’Europe occidentale, sont successivement désaffectées, 
pillées, vendues, et, sauf quelques grandes abbatiales converties en 
cathédrales, entièrement rasées. Sous Edouard VI (1547-1553), le gouver 
nement procède à la destruction méthodique des œuvres d’art, proscrivant 
partout autels, retables, statues, souvent même clôtures et jubés, toute 
l’imagerie, hors les tombeaux. Après cette longue tempête iconoclaste, le 
règne très bref de Marie Tudor (1553-1558) permet de relever quelques 
ruines, mais non de créer des ensembles nouveaux : citons, cependant, 
la chanlnj chapel (1555) de l’évêque Cardiner, ministre de la reine, dans 
la cathédrale de Winchester. Ce monument est à peu près du même style 
([uc les chapelles de 1530; l italianisme ne se manifeste que dans un 
petit retable ionique, une frise à triglyphes, disques et bucranes, un 
couronnement à palmettes et têtes de femmes. Le transi de Gardiner, 
sculpture d’un réalisme effrayant, placée dans le soubassement de la cha 
pelle, ne s’écarte en rien des modèles courants au commencement du siècle. 
Sous la reine Marie Tudor, comme au début du règne d’Elisabeth, 
la sculpture n’apparaît guère que sur les tombeaux. Ceux-ci témoignent 
d’une lamentable stagnation de la statuaire. On remarque des transis 
décharnés étendus sur des nattes, ou figurés dans des linceuls noués aux 
deux bouts, des gisants aussi rigides qu’au xv e siècle. Les motifs de déco 
ration des sarcophages sont généralement tirés de l’art héraldique; on 
y voit aussi figurer la lignée, nombreuse généralement, des enfants du
	        
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