PÉRIODE DE TRANSITION
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Grevembroch ( d ) qui en reproduit le dessin, rappelle qu’elle se trouvait
autrefois sur l’une des constructions, que mit au dessous, plus anciennement le
vénérable Pietro Marturio de la famille Tribunitienne Quintavalle.
Ce travail accuse suffisamment la manière d’un artiste vénitien qui doit
avoir été en contact avec les maîtres de la Renaissance, comme c’est précisé
ment le cas du susdit maître Pantaleone et d’Alvise son fils et peut-être aussi
de son frère Giovanni.
Maître Pantaleone faisait partie des confrères de la Scuola de la Charité
dont il fut nommé en 1458 Guardiano Grande. Il mourut le 9 août 1465 et fut
enterré dans l’église de S. Pantaleone ( 2 ). Sur cette paroisse, entre autres tail
leurs de pierres, habitait dans les dernières années du XIV e siècle un maître
Jacobello.
Alvise, fils de Pantaleone. qui travailla avec son père à Ferrare était inscrit,
lui aussi, dans la susdite confrérie dont les registres rapportent sa mort sur
venue le 6 Août i486 ( 3 ).
Ces deux maîtres sont encore nommés pour un travail de figure dans le
testament olographe en date du 9 Mars 1471, de m.° Lorenzo tailleur de pierres
(f 1481) fils de Gio. Francesco habitant à S. Severo ( 4 ).
L’Arco Foscari et l’aile contiguë dans la Cour des Sénateurs (V. P. I,
pl. 18 et 19 et fig. 37) constituent le plus intéressant monument vénitien qui
appartienne à la véritable période de transition.
Cette œuvre destinée à faire pendant intérieurement au Portail de la Carta
et qui appartient surtout au genre des édifices de magnificience nationale, sem
ble avoir été conçue par un architecte qui, quoique élevé dans un milieu où
l’architecture de la période ogivale était encore en usage, avait, d’autre part,
senti l’influence de l’art nouveau qui ailleurs s’affirmait déjà magistralement
sur les restes des grands monuments Romains. Et dans cet édifice il voulut
réunir tout ce qu’il trouvait de plus beau dans l’art, adoptant la force des
prototypes anciens pour remplacer tout ce qu’il y a de plus élancé dans l’élégant
style ogival.
Comme élément constructif et décoratif, l’arc aigu cède ici la place à l’arc
à un seul cintre, toutefois ça et là encore formé d’obliques avec membrures
composées presque invariablement de coquilles et bâtons séparés par des
listeaux.
L’inspiration classique devient particulièrement évidente par l’emploi des
grandes coquilles, dont les archivoltes indépendantes des colonnes retombent
sur des ailerons de timides rapports, même un peu plus qu’ embryonnaires.
Sur le second ordre de colonnes supportées par de véritables piédestaux, l’ar
chitrave a désormais acquis une valeur typique; on peut dire la même chose
(12 3 4) Texte Itj p_ 42.
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