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PREMIÈRE PARTIE
tant de la bordure avec ses compartiments à rosaces et grands modillons,
que de l’espèce de corniche qui sert de dessus au balcon faisant le tour avec
bon effet.
C’est de l’antique d’ailleurs que dérivent manifestement les niches avec
statues disposées dans les entre-colonnes des larges ailes qui flanquent gracieu
sement et animent l’édifice.
Cette œuvre n’a pas les caractéristiques architectoniques de Bono.
Quant aux détails, si l’on remarque que les chapiteaux le long de la ga
lerie (sur plusieurs d’entre eux se répète le mouvement des feuillages des cor
niches du Portail de la Carta) sont du type le plus usité à Venise dans la
première moitié du XV e siècle, au contraire à peine hors de l’arche ils chan
gent de forme et, vus à distance (v. P. I, pl. 15, fig. 1), ils semblent presque
de type Romain; toutefois en s’approchant on comprend que cet effet est plutôt
produit par les masses que par les détails; et quoique dans cette manière il
n’y ait pas équilibre de style entre la conception et l’exécution, ils intéressent
parce qu’ ils marquent le moment du passage de la période ogivale à celle de la
Renaissance.
La place des volutes classiques est encore occupée par des feuilles qui
sortent en descendant du haut de la campane ; celle-ci est revêtue de feuilla
ges inférieurement peu en relief qui, se relevant, se répandent en se renver
sant sous les susdites feuilles angulaires, et le fruit central (pomme) qui, quoi
que trop bas, évidemment ressemble à la fleur de l’abaque classique. Celui-ci
au contraire est représenté par une table encore sévèrement carrée elle aussi
avec modénatures un peu différentes de celles du corridor. La nature ou,
pour mieux dire, le type des végétaux s’écarte quelque peu de ceux des croi
sières.
Les chapiteaux de l’Arco Foscari pour l’ensemble et la sculpture sont
au contraire semblables à ceux de la loggia archi-aiguë dans le côté oriental
de la cour jusqu’à la cinquième arche après l’escalier des Géants, où, pour
permettre de faire retomber directement des archivoltes, on augmenta consi
dérablement l’épaisseur des tablettes suivant le principe statique des autres
loges intérieures, mais en faisant au contraire dans un but d’élégance les
fûts des colonnes un peu plus longs. Mai's ce côté ayant été reconstruit après
l’incendie de 1483, je parlerai ailleurs de la loggia.
Encore plus saillante est l’influence classique dans les chapiteaux de l’or
dre supérieur de l’Arco Foscari, où les feuillages angulaires prennent absolu
ment l’aspect de volutes. Ici la cimaise de la campane du chapiteau est ornée
d’empreintes d’ovules embryonnaires, son vase est cannelé et les feuillages
qui le revêtent sont plus vivants mais travaillés d’une manière un peu diffé
rente de l’ordre inférieur.