PERIODE DE TRANSITION
loi
cipale est une figure tenant l’écusson du Doge Moro, symbolisant la Force
(v. fig. 58).
En comparant cette statue (semblable pour la pose à la Force sculptée
dans le Portail de la Carta) avec les figures des guerriers soit sur les autres
aiguilles de cet édifice, soit dans le tombeau susdit, elle ne semble avoir avec
elles d’autres points de comparaison que dans le manteau et dans le fini de
la cuirasse. Toutefois elle pèche par la recherche dans le mouvement des li
gnes du corps qui est peut-être trop exagéré dans les autres ; elle est propor
tionnée différemment avec une largeur de membres plus en rapport que dans
celles-ci avec la vigueur du sujet représenté.
Différentes sont encore les formes des diverses parties de cette statue et
la manière de les traiter est un peu plus soignée. Le visage, qui rappelle un
fragment antique, tout en ayant les yeux un peu trop espacés, est bien mo
delé, et les mains, un peu larges, sont particularisées avec une certaine vérité
et goût ; la droite n’ est d’ailleurs pas très bien attachée au bras.
Les frises de l’armature appartiennent au style de la Renaissance.
En général les susdites figures de l’Arco Foscari occupent dans le
champ de l’évolution de la Renaissance une place un peu plus élévée que les
sculptures de Bartolomeo Bono; mais au contraire par leur mérite intrinsèque
elles sont presque toutes au-dessous des travaux de cet artiste.
Le reste des statues et même celles aujourd’hui sur les pointes aux côtés
de l’horloge, bien que pour la plupart sculptées à peu d’intervalle de celles
que nous avons décrites ci-dessus, sortent complètement de cette période de
transition, car elles trahissent évidemment la main d’un artiste de la Renais
sance. Elles ont un pendant exact dans les sculptures du monument du Doge
Tron aux Frari, filles de l’artiste qui a sculpté pour les niches du même Arco
Foscari la belle statue d’Adam, Mars et la typique Eve sous laquelle est gravé
le nom fameux d’Antoine Rizzo.
En 1777 le patricien Federico Foscari faisait graver sur cuivre par Se-
bastiano Giampiccoli un dessin du monument élevé au Doge Francesco Fo
scari. Sous la gravure on lit que ce mausolée « recouvert de dorures » (dont
on voit encore des traces nombreuses) « est décoré de statues symboliques,
demi-figures, et ornements en bas, et haut relief», est «œuvre d’invention
» dessin et exécution de l’architecte Paulo, et du sculpteur Antonio Fratelli
» Bregno de Como » ( 1 ). Cette note, déjà publiée par d’autres, doit évidemment
avoir été puisée à une source authentique, telle que les papiers de famille et
les comptes relatifs à ce travail, autrefois conservés chez les descendants du
Doge et aujourd’hui perdus.
La famille des Bregno ou Brignoni sculpteurs, sur laquelle je m’étendrai
0 Texte It. p. 44.