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PREMIÈRE PARTIE
la partie supérieure, on le voit aux corbeaux angulaires aujourd’hui inutiles
entre les impostes des arceaux des fenêtres. La corniche médiane (il y aurait
à redire à la disposition de ses modillons) manque d’ailleurs de correspon
dance avec le couronnement des Chapelles latérales. Les deux grandes saillies
ou contreforts extérieurs qui servent de contrepoids à l’arc transversal inté
rieur du Chœur où se rattache le polygone de l’abside, produisent un effet
peu élégant; et l’application dans leur tercet supérieur de certaines petites
niches grossières en briques polies, est d’un goût enfantin.
Dans les ouvertures supérieures des grandes absides des deux Églises
les arceaux et les jours sont tracés de la même façon, mais aux Frari les
ouvertures géminées de l’ordre inférieur sont différentes et égales au contraire
à celles de la façade de 1’ Église de S. Grégoire ( l ) ; le croisement dans leur
partie arquée est semblable à celui du palais Bernardo sur le Grand Canal
(v. fig. 33), et dans le compartiment plus bas la disposition de leurs cercles
quadrilobés relativement aux arceaux se trouve ensuite répétée dans les fe
nêtres angulaires du palais Giovanelli, aux côtés de la loggia du piano nobile
du palais Cavalli et dans le fenêtrage supérieur du palais Pisani Moretta, dont
j’ai déjà parlé.
Comme on le voit dans le plan tant de fois cité de Jacopo dei Barbari,
aux Frari la nef transversale recevait le jour du côté de la place, par une
grande fenêtre murée depuis, mais assurément moins grande et moins riche
que celle de Ss. Jean-et-Paul.
Dans cette Église le matériel en briques travaillées abonde moins qu’ aux
Frari, où il semble disposé de manière à atténuer l’effet des principales lignes
architectoniques et avec une plus grande lourdeur de modénatures. Il faut
toutefois admirer ici la variété des motifs ornementaux des bandes en terre
cuite dans les contours extérieurs des fenêtres sur le côté et spécialement
dans 1’ abside de la Chapelle Cornaro (A), postérieure cependant de quelques
années aux constructions des autres absides.
L’élégance et la beauté supérieure des formes architectoniques de l’Église
des Ss. Jean-et-Paul a fait croire qu’elle était une copie perfectionnée de celle
des Frari.
Hypothèse qui, excepté peut-être pour les absides, n’est pas exacte, car
c’est le contraire qui a dû se produire, et l’élancement donné à l’ordonnance
de l’Église des Dominicains est dû plutôt à l’un des caractères les plus dis
tinctifs de l’architecture religieuse de l’époque où elle fut projetée et com
mencée, qui, je le répète, ne peut remonter au-delà des premières années du
XIV e siècle ( 2 ).
Durant les dernières et fort longues restaurations dont elle fut l’objet
( 1 2 ) Texte It., p. 48.