PREMIERE PARTIE
maître ne donna jamais aucune marque, ne sont pas, à mon avis, l’œuvre
de son ciseau.
Les deux Saints ont des analogies avec le susdit bas-relief qui domine
la porte de la Place S. Zacharie et, comme je le répéterai plus loin, avec une
autre statue de la façade de l’Église de la Madonna dell’Orto.
Sur la façade principale de l’Église de Sainte-Marie des Servites étaient
autrefois trois statues qui furent reproduites par Grevembroch. Mais si l’im
perfection de ces dessins ne permet pas, en ce qui concerne les statues, d’y
trouver la base d’une comparaison sérieuse, on ne peut en dire autant relati
vement à la forme des tabernacles qui les renfermaient, et l’un d’eux rap
pelle beaucoup les lignes et les détails des niches latérales de la susdite pala.
Encore plus saillante est la différence avec les travaux des Bono dans
les anges thuriféraires sculptés en bas-relief sur le parapet de la table d’au
tel (flanqué de parapets) ; figurines assez gracieuses dans lesquelles toutefois
la recherche de la grâce est quelque peu maniérée et en particulier dans les
mains, qui par le genre des attaches rappellent, elles aussi, plusieurs travaux
des dalle Masegne.
Les manières de la vieille école vénitienne sont de plus en plus éviden
tes dans la forme de la pala d’autel, dit aujourd’hui del Santo Chiodo (mais
jusqu’en 1836 dédié à tous les Saints), dans l’Eglise de S. Pantaleone ( l ).
La forme toutefois de cette pala (Partie I, PL 6, fig. 2) n’est nullement
élégante et les figurines des petites niches et sur les piliers massifs sont pro
portionnées d’une façon désagréable.
Dans le parapet actuel de l’autel se trouve enchâssé un petit travail en
haut relief représentant l’ensevelissement du Christ, dont la pose des figures
et les lignes de la composition sont bonnes et assez pittoresques. Mais quoique
dans le corps de Jésus et dans les têtes l’exécution soit un peu plus soignée
que dans les statuettes de la pala, et que les divisions des plis accusent un
progrès sensible et une certaine recherche, toutefois ce travail manque d’élé
gance et est si maniéré qu’il semble à première vue une copie faite par un
ciseau du XVII e siècle.
Mieux modelé peut-être et surtout à cause de ses plus grandes dimen
sions, est le Christ sortant du tombeau dans le haut de la pala ; par sa pose
il rappelle la plastique de la Résurrection dans le sarcophage du B. Pacifique
aux Frari. Il faut encore remarquer, quoiqu’ elle ait les extrémités un peu
lourdes, la demi-figure dans le tympan de la grossière archivolte trilobée.
Sont traités au contraire avec assez de finesse et avec un parfum de Re
naissance les petits ornements souples, ayant dans les contours des demi-figu
rines de Saints, disposés latéralement au tabernacle inférieur.
f 1 ) Texte It., p. 52.