Full text: Période de transition (Première partie)

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PREMIÈRE PARTIE 
architectonique, les modénatures et les ornements appartiennent encore au 
style ogival. Sous ce rapport, et en tenant compte des aiguillettes renversées 
et des cimiers de couronnement, elle prend un aspect sobre et élégant. Élé 
gance d’ailleurs en parfaite harmonie avec les profils gracieux et la finesse 
d’exécution. A l’encontre d’une foule d’œuvres de même style dans lesquelles 
prédomine à l’excès la décoration architectonique, elle est au contraire suffi 
samment bien disposée pour faire ressortir la partie statuaire. Et je dis suf 
fisamment bien, car dans les niches plus d’une figure est un peu sacrifiée. 
Quant à la statuaire il existe une notable différence de rapports entre 
les dimensions des statues des deux ordres, et par conséquent on est en pré 
sence de ciseaux différents. 
Les têtes des demi-figures de femmes qui, sans la coiffure, paraissent 
copiées sur un seul modèle, s’éloignent par un certain réalisme des formes 
des autres travaux vénitiens, et ont par l’ossature allongée et les traits du 
visage quelques légères ressemblances de physionomie avec le type allemand. 
Les mains, si l’on en excepte une grâce forcée dans le mouvement de 
l’index et du petit doigt, sont modelées par un artiste exercé, et bonne d’ail 
leurs est la disposition des plis des vêtements qui en certains endroits accu 
sent de nouvelles tendances. 
Selvatico et autres ont attribué cet autel avec ses statues à l’école des 
dalle Masegne. 
Cette opinion n’a toutefois d’autres bases évidentes que le genre des 
détails décoratifs, la disposition générale des figures et dans la Vierge la pose 
et l’arrangement des plis. 
La comparaison de ces demi-figures avec les statues du monument voisin 
Emiliani ne confirme guère l’assertion de ces écrivains, et dans celles-ci, non 
encore à l’abri d’un certain maniérisme, l’influence des modes élégantes du 
nouvel art toscan se manifeste avec une tout autre intelligence de la forme et 
avec une recherche de la grâce qui n’a pas de rapport avec ce tombeau. 
Je retrouve d’ailleurs les physionomies caractéristiques de ces demi-figures 
dans une bonne Madone avec l’Enfant placée dans le tabernacle au-dessus du 
mont-de-Piété à Chioggia. 
L’influence de la Renaissance et peut-être aussi d’une nouvelle école 
surgissant à Padoue, se montre encore plus saillante dans les draperies et 
dans le réalisme (non toujours de bon choix et bien interprété) des extrémités 
des Saints dans les niches inférieures de cet autel. Qu’on remarque les mains : 
la dernière phalange du petit doigt, au lieu d’être légèrement tournée vers les 
autres doigts, marque une ligne raide et est même parfois dirigée vers l’exté 
rieur. Un défaut analogue d’observation de la nature qui est également ca 
ractéristique dans la statue citée de S. François sur la grande porte se retrouve
	        
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