PÉRIODE DE TRANSITION
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LA MADONE DELL’ ORTO.
Parmi les meilleures et les plus complètes Églises de style ogival il faut
ranger celle de la Madone dell’Orto autrefois dédiée à S. Christophe et con
struite, dit-on, vers la moitié du XIV e siècle par fra Tiberio des Tiberi de
Parme, de l’ordre des Humiliés.
Toutefois, au dire de certains écrivains, cet édifice bâti sur des fonda
tions peu solides, au bout de quelques années menaçait ruine sur plusieurs
points, et un décret du Grand Conseil daté du 11 Novembre 1399 assignait
pour cette reconstruction deux cents ducats de la caisse Publique.
Quant aux nouvelles reconstructions, je crois avec d’autres que le plan
primitif ne subit pas de grandes modifications et que l’Église ne fut recon
struite qu’en partie en remettant en œuvre à l’intérieur le matériel préexi
stant. Hypothèse que semblent confirmer tant les détails du style (spécialement
des chapiteaux) que le fait de savoir qu’ on fut obligé en 1473 de faire exé
cuter dans l’Eglise d’autres réparations indispensables.
On ne peut en dire autant de la façade (v. fig. 69), dont les formes et
les détails appartiennent surtout au XV e siècle; toutefois l’élancement donné
au corps du milieu de la façade indique qu’ elle fut adaptée à une nef cen
trale proportionnée par rapport aux nefs latérales avec un luxe de hauteur
caractéristique des constructions antérieures au XV e siècle.
En général, la composition des principales lignes et masses de cette façade
a de grandes analogies de dérivation avec les Églises de type roman; et c’est
ici qu’il faut, à mon avis, répéter la déduction qu’un écrivain a tirée de la
comparaison de notre soi-disant gothique avec celui du Nord, à savoir que gé
néralement les Italiens « se contentèrent de remanier, en les rendant plus
» riches, les façades de leurs églises romanes » (*).
Dans cette façade les fenêtres des ailes paraissent trop resserrées à l’en
cadrement, mais leurs divisions et les élégantes tresses sont une preuve de
plus du bon goût des architectes d’alors. Peut-être cette richesse manque-t-elle
d’un pendant analogue dans la grande baie circulaire du milieu; était-elle à
l’origine ornée d’un jour quelconque ou d’une rosace ou d’une roue, je n’ai
pu le savoir, tandisqu’au contraire une gravure de Lovisa ( 2 ) indique qu’elle
était entourée d’une bordure peinte.
Le couronnement avec bande et arceaux de la partie supérieure est l’un
des meilleurs du genre, et la manière dont y sont alternativement combinés
les divers matériaux mérite aussi l’attention.
Sous le sommet ( 3 ) dans un rond supporté par deux anges est sculptée
(ï 3 3) Text It., p. 54.