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PREMIERE PARTIE
Église de l’Abbaye d’où, il y a quelques années, il a pris son vol vers des
bords plus hospitaliers.
La manière dont sont composées les figures ne surpasse les vieilles re
présentations du sujet que par l’animation du fond. La figure de la Vierge,
traitée avec cette large ampleur caractéristique des œuvres de Bartolomeo
Bono est, pour 1’ époque, remarquable tant par les proportions que pour la
forme et la manière dont sont modelées les têtes et les extrémités, ces der
nières cependant un peu lourdes.
Dans les confrères agenouillés, il y a quelques têtes assez bien sculptées
qui rappellent le bas-relief du même maître sur la porte de la Scuola de
S. Marc ; mais du reste et les figures et les Saints du fond sont surtout exé
cutés de manière.
Mais là où apparaît le talent de Bono, c’ est au contraire dans la forme
et la manière de traiter le nu de l’Enfant Jésus nimbé.
La célèbre statue de Sansovino, qui n’existe plus, était, selon moi, à l’ori
gine placée sur le sommet de l’arc aigu de cette porte dont le tympan ren
fermait alors le bas-relief. Sur un dessin de Grevembroch on voit au contraire
une archivolte à plein cintre (exécuté sans doute en 1612) surmontée d’une
statuette et renfermant le bas-relief avec quatre autres statues, elles aussi in
trouvables maintenant ( d ).
Outre les deux colonnes dont les chapiteaux rappellent les feuillages
agités préférés des Bono, il ne reste plus aujourd’ hui de cette porte que le
contour ayant sculptés dans T architrave deux anges étendant un cartouche
analoguement à ceux du grand portail si bien décoré de V Église de S. Polo ;
motif qui, d’après Grevembroch, était encore reproduit sur celui de l’Église
de S. Maria delta Carità.
Dans les fenêtres de la façade de la susdite Scuola, les baies, qui sentent
un peu le gothique, sont un bon modèle du genre, et si les feuillages de leurs
jambages sont analogues aux chapiteaux de la porte, au contraire dans les
ornements des lambourdes supportées non plus par des modifions mais par de
véritables corbeaux, on retrouve encore le ciseau étranger qui fouilla les par
ties congénères du palais déjà cité et dit dei Soranxp à S. Polo.
Le portique que surmonte la susdite Scuola, sur le bord du quai ( où
en 1350 fut construite une des rues dites fondamenta), ne fut ouvert qu’ en
l’année 1508.
A l’intérieur on voit encore des constructions et des fragments d’une
certaine importance.
Les déprédatious commises dans l’Église de S. Maria délia Carità
lorsqu’elle eut été fermée en 1807 par l’ordre du Gouvernement soi-disant
p) Texte It., p. 56.