PÉRIODE DE TRANSITION
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en marbre des Frari; mais surtout, même par la disposition et la forme des
modénatures qui renferment cet ornement, il offre des ressemblances avec le
contour d’une porte, place S. Mathieu à Gênes, au-dessus de laquelle est le
bas-relief de S. Georges exécuté peu après la moitié du XV e siècle par Leo
nardo Riccomano de Pietrasanta.
Dans la porte de S. Stefano excellent est P effet produit par les arceaux
à l’intérieur de P arc aigu (décoration style [gothique), lesquel devaient encore
mieux ressortir quand le tympan était ouvert. 11 faut encore admirer le mou
vement et la forme des grands feuillages qui surmontent cet arc, s’ élançant
de manière à renfermer une gracieuse petite figure d’ange qui a quelque ana
logie de manière avec certaines sculptures de la partie supérieure des façades
de Saint-Marc à Venise; avec lesquelles elle a aussi de commun le type de
l’ornement replié qui la termine en bas.
La demi-figure de Père Éternel bénissant qui couronne la pointe, peut
être aegardée comme l’une des meilleures du genre à Venise.
Non loin de cette Église était celle de S. Michel Archange, qui a été
démolie en 1837.
Le campanile s’étant incliné par défaut des fondations et sous l’action
d’un tremblement de terre, on songea en 1455 à le redresser et on en chargea
le bolonais Bartolomeo Ridolfo Fioravanti surnommé Aristotile ( 1 ), qui manqua
cette fois à sa réputation, car le lendemain du jour où il achevait son travail,
la tour s’écroula, ensevelissant sous les ruines une partie de l’Eglise et plu
sieurs pièces du couvent contigu de S. Etienne. L’ année suivante le campanile
fut reconstruit sous la direction de Marco de Furi, suivant une inscription citée
par Cicogna ( 2 ).
Les fondations de ce campanile et de celui de S. Agnès ont fourni à l’in
génieur Casoni la matière d’une étude circonstanciée publiée par le même
Cicogna.
Je n’ai retrouvé aucune trace des autres travaux exécutés là par Fioravanti
Aristotile et il semble qu’ après cette aventure il quitta Venise pour n’ y plus
revenir.
Puisque je parle des campaniles je ne puis faire autrement que de dire
un mot de quelques-unes de ces constructions exécutées ou achevées au XV e
siècle ( 3 ); ainsi je citerai la tour des cloches de S. Jean de Rialto terminée
en 1410, remarquable par sa solide structure, par les amples arches de la
chambre des cloches et pour les décorations en briques. L’incendie de 1514
détruisit avec la coupole l’horloge avec son mécanisme et les figures assemblées
vers 1400 par Gaspare Ubaldini mécanicien ombrien.
Nous retrouvons du reste, ou à peu près, la forme de ce campanile dans
(i 2 3) Texte It., p. 59.