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PREMIÈRE PARTIE
celui de S. Luca, achevé après 1462 ('), auquel on ajouta en plus un gracieux
octogone terminé à 1’ origine par une pyramide. Peut-être la corniche qui cou
ronne la partie quadrangulaire était-elle destinée à recevoir des parapets.
Celui de S. Fosca reconstruit après le désastre du 10 Août 1410, se fait
remarquer tant par les édicules angulaires que par la coupoline, refaite depuis
peu, laquelle rappelle la manière de terminer ces édifices qui commençait alors
à être en vogue préférablement à ceux construits sous forme de cône en ma
çonnerie décorée à P extérieur de têtes arrondies en briques travaillées exprès
sur la forme des briques dites poT&ali et mises en œuvre souvent en suivant
la figure d’une spirale. L’ un des campaniles les plus pittoresques du genre
est celui de S. Barnaba.
Disons encore qu’ après l’incendie du 21 Juin 1496, qui détruisit une foule
de boutiques de fripiers autour du campanile de S. Marc, les Procurateurs de
cette Eglise firent de suite refar la dita stravaria he banchi chomo li stava. Et al
metp dove che iera li banchi, si fexe far una lofia chôme la xe al présente (1443)
di volti per chaxon che li %intil hameni se debia redur la per soa récréation. . . ( 2 ).
Cette loggia dut être construite à la place d’une plus ancienne, laquelle, d’après
Magno, existait déjà au temps du Doge Giacomo Contarini (1275-80). Mais le
plus intéressant des campaniles de l’époque de transition est celui de S. Mi
chèle à Murano (v. fig. 74), commencé en 1456 et terminé vers 1460 ( 3 ).
Quoique ce ne soit pas un motif nouveau, il est certain qu’ ici le parapet
a été proportionnellement bien appliqué sur la chambre qui jusqu’ à un certain
point sert à en alléger l’aspect et à préparer la transition à 1’ élégant octogone
(appelé par quelques-uns fanale ) supportant la coupoline rehaussée qui ter
mine cette belle tour.
C’ est peut-être encore ici mieux qu’ ailleurs que se manifeste le goût
pour les briques travaillées et les terres cuites, tant dans les bandes et les
arceaux de la canne que dans le couronnement de la partie octogonale formé
par des arceaux tribolés et par une bande dont les détails rappellent celle qui
est à 1’ extérieur de la Chapelle du nom de Dieu aux Ss. jean-et-Paul.
Ce campanile dut aussi servir de modèle à plusieurs autres édifices con
génères, et effectivement en 1473 les religieuses de Sainte Claire de Murano,
commandant au proto maestro Martin de Crapina murer la construction de leur
grande Église (fig. 77), lui demandaient aussi d’élever un Champaniel sitnel a
quelo de San Michiel de Murano ( 4 ).
L’artiste qui va visiter 1’ Eglise de S. Michel de Murano, ne doit pas
oublier de voir le cloître contigu parce qu’ il peut y remarquer quelque chose
d’important (fig. 76).
Relativement au style encore en usage à l’époque (1448-1466) où fut
(i 2 3i) Texte It., p. 59.