PÉRIODE DE TRANSITION
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d’autres édifices et en partie peut-être encore de la colonnade de gauche de la
nef médiane de la vieille Église, on voit des groupes de chapiteaux creusés
chacun dans un seul bloc de pierre istrienne et disposés, relativement à leurs
différentes décorations, symétriquement aux deux ailes de 1’ abside. La forme
de leur partie supérieure est cause dans ceux des angles de certaines compé
nétrations des abaques et volutes et de certains mouvements et jeux de lignes
architectoniquement peu recommandables.
Cette espèce de chapiteaux polygones se retrouve encore dans le portail
des Ss. Jean-et-Paul, et quoiqu’elle soit robuste, 1’ effet en est peu imposant et
elle se prête beaucoup mieux appliquée à de grandes masses.
Un autre détail typique des susdits chapiteaux consiste d’ailleurs dans la
double campane ou la division de celle-ci en deux parties distinctes. Division
qui est peu agréable spécialement dans ceux ( P. 1, pl. 26, fig. 2 ) qui sont
décorés de cannelures spirales ne correspondant ni avec la partie supérieure ni
avec le fût lisse de la colonne inférieure.
Ce n’ est pas du reste dans nos édifices le seul exemple de ce genre de
chapiteaux de la Renaissance, car ils étaient employés presque à la même
époque à S. Michel de Murano.
Ce qu’ il y a également ici de caractéristique, c’ est un certain défaut de
développement dans les feuillages et le type des revêtements sur le dos des
volutes.
Après une comparaison attentive des détails, j’ ai pu me convaincre que
dans l’abside de S. Zacharie les chapiteaux des groupes extrêmes animés de
petites têtes de chérubins (MM’) furent exécutés par le même artiste (proba
blement le susdit m.° Luca) qui sculptait ceux de la Chapelle absidale mé
diane (H’), les grands chapiteaux de la nef décorés des petits angles (LL’ Q Q’)
et le lutrin de la vieille Eglise ( P. 1, pl. 30, fig. 2 et 3 ).
Les deux groupes centraux (0 0’) à cannelure verticale ont.au contraire
dans les feuillages les mêmes caractères de sculpture que les chapiteaux de la
seconde chapelle absidale de gauche et ceux de la nef décorés d’aigles plus
grands (P P ’ ).
Dans les détails de ces deux groupes de chapiteaux et dans les sui
vants (NN’) on rencontre la vivacité et la grâce de la vraie Renaissance, et à
les comparer avec d’autres travaux, je les crois exécutés par des maîtres lom
bards ( P. 1, pl. 26, fig. 2 ).
La partie de 1’ abside qui s’ élève sur les arcs à plein cintre est, tant par
ses piliers polyédriques que par le type de la partie arquée et les jours, un
résultat évident de 1’ art ogival. Elle est bien proportionnée dans 1’ ensemble,
robuste et en même temps élégante. Toutefois à cette place elle semble presque
exprimer une protestation instinctive de révolte de 1’ art ancien contre le clas-