173 ; PREMIÈRE PARTIE
sique désormais vainqueur, auquel Gambello s’ était plié et avait tant accordé
mais auquel il ne voulait pas sacrifier cette abside étudiée par lui avec tant
d’amour, mais malheureusement sans avoir la satisfaction de la voir ter
minée.
C’ est le dernier élan de l’arc aigu à Venise.Toutefois dans les constructions
commencées quand florissait encore P art ogival et achevées dans la période
de la soi-disant première Renaissance, il n’ est pas difficile de retrouver des
exemples identiques de compénétration de styles, qui sont dus en partie à la
mise en œuvre de matériaux déjà travaillés par de vieux maîtres et en partie
aussi à la recherche de P eifet décoratif et pittoresque, sans égard à P homo
généité des moyens, qui est P une des hybrides caractéristiques des commen
cements de la Renaissance.
Dans le déambulatoire de S. Zacharie, au désir du grandiose, au mouve
ment et à la continuité des courbes à plein cintre, ainsi qu’ à la liaison de
celles-ci avec les coupolines aveugles projetées en dernier lieu, on sacrifia
depuis la forme plus rationnelle au développement de cette partie ichnogra-
phiquement de style ogival.
A cause de la forme trapézoïdale à la base des divisions de ce déambu
latoire, où il s’agissait de disposer des archivoltes de rayon différent, on ne
put se dispenser de recourir à certains rehaussements de courbes, qui font
regretter P élégance de P arc aigu.
En ce qui concerne Part de la Renaissance je compléterai l’étude de cet
édifice dans la seconde partie de cet ouvrage, où je réexaminerai plusieurs
travaux déjà signalés ici, comme par exemple: les grands chapiteaux et les
soubassements et les typiques piédestaux octogones des grandes colonnes (P. 1,
pl. 29, fig. 1 et pl. 30 fig. 1 ), lesquels, suivant la remarque de Selvatico ('),
sont un « procédé ingénieux pour donner de la légèreté sans faire paraître
» grêles les colonnes elles-mêmes ». Procédé dont le mérite est attribué à An
tonio Gambello.
Antonio Gambello, architecte de S. Zacharie, est toutefois qualifié sur les
registres uniquement comme Antonio di Marco, de proto, et c’ est au contraire
par d’autres documents dont j’ai fait la découverle, que j’ai pu connaître sa
famille ou la raison de son surnom Gambello ainsi que sa mort au service
de la patrie ( 2 ) ; je rappelle d’ailleurs qu’une branche collatérale de sa famille
était surnommée Zancheta.
Relativement aux débuts de la vie artistique d’Antonio Gambello et à
l’influence de la Renaissance sur ce maître vénitien je ne crois pas sans in
térêt, du moins pour dissiper un doute, de découvrir la paternité et la famille de
cet Antonio qui en 1443-44 (v. page 47), pendant les travaux de la tribune ou
( 1 2 ) Texte It., p. 73.