PERIODE DE TRANSITION
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en usage au XIV e siècle et spécialement à Padoue. Mais si le type est ancien,
dans ses détails, comme par exemple dans les consoles à modillons et dans les
ornements des modénatures de l’arc et du support de V urne, non seulement
on surprend P art du XV e siècle, mais encore P action des artistes déjà initiés
à la Renaissance et par conséquent ni Vénitiens, ni même de la haute Italie.
Mais ce qui constitue la partie la plus caractéristique de ce tombeau et
doit être à nos yeux une nouveauté pour P époque, c’ est P application des
grandes décorations en terre cuite; et c’est pour cela que j’appelle tout parti
culièrement sur celles-ci 1’ attention du lecteur.
Les compositions des cariés du sarcophage, flanqués de nichettes avec
statues, tant par la disposition vivante des figures (pas toujours bien choisie)
avec laquelle se développe le sujet, que par la pittoresque recherche des fonds,
s’ affranchissent dès lors de toute influence du passé. Le nu, qui dans la pé
riode de Part ogival semble presque abandonné, est ici traité avec beaucoup
de vérisme et est modelé d’après une règle sûre. Dans la scène de la descente
aux Enfers plusieurs têtes cependant manquent de noblesse.
Si les demi-figures ailées jouant de la musique, qui sont disposées parmi
les feuillages de 1’ arche, expriment un concept absolument florentin, leur appli
cation à la ligne architectonique a un contraire quelque chose de raide et rap
pelle certaines décorations des portails gothiques.
Ces figurines si non toutes de formes correctes ( qu’ on remarque la lon
gueur disproportionnée des avant-bras) sont, en harmonie avec l’idée de la
composition, suffisamment géniales et les petites têtes rondes ont été formées,
si non avec finesse, du moins avec une certaine carnosité et désinvolture. La
seconde à gauche est très expressive et n’ a guère à envier à 1’ atelier des
dalla Robbia.
Dans les feuillages rampants tourmentés par trop d’oculi, la plupart des
figures ont disparu et ce qui reste est très détérioré.
Dans cette espèce de corniche d’aspect lourd se trouve enfermé le bas-relief
du Baptême du Christ, sujet dont l’idée se rattache parfaitement aux représen
tations du sarcophage et au concert musical des anges autour de 1’ archivolte.
La disposition de ses figures est bonne et beaucoup plus équilibrée que dans
les bas-reliefs inférieurs ; il y a un contraste saisissant entre les figures viriles
de droite et le joli groupe des anges de gauche; on remarque spécialement la
figure de Jean Baptiste à 1’ attitude respectuense, et 1’ ange qui exprimant la
curiosité avance ( avec un peu de rigidité ) la tête sur 1’ épaule de son compa
gnon qui tient dans les mains un essuie-main.
Le thorax, le ventre et les bras du Christ sont modelés par une main suffi
samment. faite au nu. Les vêtements en général sont assez bien traités et la dis
position de certains plis des figures de droite rappelle, comme je 1’ ai dit, les dra