13 PREMIÈRE PARTIE
que d’époque différente, ont une communauté d’origine et dérivent d’un goût
traditionnel.
Ces additions à la Basilique furent commencées en 1385 ( 1 ), et en 1415
étaient achevés, d’une part, les édicules et leurs statues, de 1’ autre, la plus
grande partie de celles qui dominent les acrotères des flèches, et l’on commen
çait déjà à revêtir les arcs de grands feuillages animés.
Mais le lecteur trouvera la description de ces travaux et autres de la pé
riode ogivale, comme des œuvres antérieures qui ornent ce temple, dans le
fameux et gigantesque ouvrage édité par M. Ongania; il y verra également que
la grande balustrade intérieure en marbre avec les images qui la surmontent
fut terminée en 1394 par les Vénitiens Jacobello et Pier Paolo dits dalle Ma-
segne, frères, et que les deux petites balustrades furent achevées en 1397.
Mais plus encore que Saint-Marc, ce musée protéiforme et pompeux de
1’ art à travers les siècles, sur lequel d’ailleurs j’ aurai souvent 1’ occasion de
revenir, un grand édifice moins fragmentaire et de structure organique plus
synchrone au point de vue architectonique, servira largement de base à l’étude
de la période de transition dont je m’ occupe. Je veux parler du palais de
1’ ancienne Commune ; monument qui suffirait à lui seul à exprimer toute la
grandeur, l’intelligence et la mesure du goût esthétique d’un pays, même dans
1’ art alors sagement représenté par la fleur de son aristocratie.
LE PALAIS DUCAL.
Que le lecteur cependant ne croie pas que, manquant de respect au titre
de ce travail, je veuille 1’ entraîner trop loin pour examiner tout ce qui a été
fait antérieurement au XV e siècle dans le Palais Ducal ; je laisse à d’autres
la tâche onéreuse d’une telle monographie, et me bornerai, à l’occasion, à ef
fleurer (peut-être même d’une touche trop légère) les points culminants ou
douteux de 1’ histoire artistique de ces vieilles constructions ou les œuvres qui
se rattachent aux travaux exécutés pendant le cours du XV e siècle.
En 1400, la façade sud du Palais Ducal n’ avait pas encore la grandiose
fenêtre centrale avec balcon, (v. fig. 1) qui en anime si artistement l’ensemble,
brisant et dominant 1’ uniforme parallélisme horizontal des longues rangées
d’arcades de ses balcons par la hardiesse de ses lignes et de son couronne
ment, d’une part, de 1’ autre enrichissant et allégeant tout à la fois 1’ aspect
de la muraille supérieure et rattachant si harmonieusement la gravité de celle-
ci à la légèreté des parties constituant les ordres inférieurs.
(‘) Texte It., p. 1.