188 PREMIÈRE PARTIE
ne sont guère remarquables et ne servent, ce semble, pour ainsi dire qu’ à con
tribuer à P effet décoratif.
Dans cette œuvre au milieu du mouvement si varié des lignes, de la pro
fusion des ornements, du scintillement des dorures, P œil ne sait où s’arrêter
et ne trouve qu’un peu de repos dans les peintures encadrées d’une telle exu
bérance de travail. Mais même dans celles-ci, dans les vêtements, dans les fonds,
dans les nimbes et autres accessoires apparaît le goût traditionnel caracté
ristique des Vénitiens pour la profusion de l’or.
Cette ancone ne devait pas être très différente (spécialement par la forme
des ailes qui la flanquent) de l’ancone encore plus somptueuse qui existait
jadis sur l’autel de la Chapelle des Lucchesi ou du Volto Santo, comme j’ai
pu le déduire de l’un des dessins de Grevembroch les mieux exécutés.
A S. Zacharie dans les petites ancones, les soi-disant lignes architecto
niques déterminant les compartiments, à cause de la plus grande simplicité
des décorations, sont plus saillantes. Les arceaux mixtilignes ont du reste une
forme un peu libre et bizarre et les arceaux infléchis inférieurs abaissés, du
type français en accolade, contrastent trop avec la légèreté des autres parties.
Relativement aux compositions figurées, la plus remarquable pala est celle
de droite. (P. I, pl. 34, fig. 1). La scène de la Résurrection rappelle encore
ici et beaucoup le sujet analogue en plastique du monument du B. Pacifique,
et la représentation de l’Addolorata composée d’une manière assez pittoresque
trahit, dans la façon de traiter les figures, la main d’un maître progressiste
et assez habile.
Même dans cette ancone autour de la custode sont répétées les figurines
enfermées dans les revers des végétaux infléchis qui flanquent comme des ailes
l’ancone majeure, motif déjà employé depuis quelque temps dans nos monu
ments. Les figures sculptées étaient aussi à l’origine coloriées.
Ces curieux travaux de sculpture subirent des restaurations considérables
et fâcheuses spécialement quand il s’agit d’en refaire les dorures et d’en ra
fraîchir les différentes peintures ; sort plus heureux du reste que celui réservé
aux deux anges tenant les cesendoli, aujourd’hui perdus et qui autrefois étaient
vraisemblablement disposés sur les arceaux des petites Chapelles dédiées au
Saint-Sacrement et à S. Catherine où se trouvent ces pales.
L’auteur principal de la grande ancone, signée du reste, et probablement
encore des petites exécutées comme celle-ci en collaboration avec d’autres
maîtres (*), fut m.° Lodovico de Forli ( 2 ), dont on retrouve la trace à Venise
dès 1425 ( 3 ).
Parmi les pales d’autel en bois que nous possédons encore, il faut surtout
citer celle à triptyque renfermant les peintures exécutées en 1474 par Bartolomeo
( 1 2 3 ) Texte It., p. 81.