PÉRIODE DE TRANSITION
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(*) Texte It., p. 83.
et le Crucifix en question. Dans celui-ci la courbure costale n’ a aucun rapport
avec le Christ de Brunelleschi et moins encore avec ceux de Donatello où la
forme caractéristique de cette partie suit au contraire les types classiqnes et
parfois même les exagère; le filet veineux qui s’entrecroise sur le corps sans
vie n’ est pas de tout point bien compris, contrairement aux autre parties, qui
sous le rapport des os et de muscles sont reproduites d’après nature avec une
grande exactitude.
Et il ne faut pas oublier de dire que la tête de ce Crucifié expirant est
matériellement plus expressive que les statues congénères des Florentins. Même
les autres parties de cette figure et tout particulièrement la contraction des
mains (peut-être un peu mesquines) et des pieds, trahissent chez l’artiste la
pensée d’inspirer à l’observateur un sentiment de douloureuse émotion et c’est
pour celà comme c’était l’usage d’alors, qu’il eut recours même à la poly
chromie, laquelle, étant bien appliquée, peut en ce genre de sculpture con
tribuer à en augmenter l’impression vériste.
Si relativement au progrès esthétique le Crucifix de Brunelleschi et ceux
de Donatello occupent une place beauccup plus élevée, celui de S. Georges
toutefois a son importance et doit être compté parmi les œuvres les plus inté
ressantes de la sculpture vériste.
Ce travail, par conséquent, serait absolument à exclure de 1’ art florentin
et il semblerait bien plus raisonnable, d’après certaines hypothèses probables,
de l’attribuer à l’un des nombreux maîtres qui, vers le commencement de la
seconde moitié du XV e siècle, traitaient la figure à Venise.
Les uns prétendent qu’il dut être acheté par l’Abbé Giovanni Michel;
d’autres au contraire l’attribueraient à la munificence de Cosme de Medicis
qui en 1433 demeurait à S. Georges Majeur (v. note page du T. I.). Aucun
document toutefois n’ autorise ces conjectures et jusqu’ à preuve du contraire,
il me semble que, si l’on veut en fixer la provenance et approximativement
l’époque où il fut exécuté, il vaut mieux s’ appuyer sur les indications qui
suivent :
Franceschina Gabo, veuve de Niccolô Brati, demeurant à S. Geminiano,
réglait par testament en date du 23 Mars 1458, que fût exécuté à ses frais
un Crucifix grand et beau pour être placé au milieu de l’église du couvent de Saint-
Georges Majeur, lequel soit de la valeur de cinquante ducats et dans la Chapelle
près de la sacristie une pala d’autel avec ces figures : prima sia sopra J° qua-
dretto in zima Ja crucifixo et J° nostra dona et J° san Zuane. Item al me%o sia miser
san marcho evangelista et fier li dadi sia questi tal sancti \oe sancto iprri, sancto
nicbolo, s. benedetto, s. Francesco, san Placido, s. Mauro, s. Giustina, s. Scholasticha,
in la quai pala sia speso ducati cinquanta, etc. (') Vraisemblablement le Crucifix