PÉRIODE DE TRANSITION
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permit pas, ce semble, de mettre la main à une œuvre de cette importance,
et 1’ on indique non sans un sentiment d’envie ou de dépit pour le sofitado
meravijoso qui était exécuté à la Scuola de Saint-Marc (*) et à. celle de la
Charité que Sala et sofitado abiafato over fa\a far de gran valor a figure destajade
suxo la volta ( 2 ).
Il ne faut certainement pas confondre le plafond de la Confrérie de
S. Marie de la Charité, dont parle ce document ( 3 ), avec celui qu’ on admire
aujourd’hui dans la grande salle et qui fut au contraire commencé en 1461.
Je dis commencé cette année-là, car dans un résumé pas très ancien du Ca-
tastico de la Confrérie il est dit qu’il existail autrefois un Lïbretto in quarto
( aujourd’ hui introuvable ) ove sono descritti tutti quelli che offersero per la spesci
del sofiità nelli anni 1461 sino al 1484 ( 4 ).
Ces données doivent évidemment correspondre au travail du grand pla
fond, comme le confirme, du reste, le testament rédigé le 13 Février 1461
par Tommaso Cavazza, lequel laissait en mourant 100 ducats pour la fabrica
del sofitado de cette Confrérie ( 5 ),
Ces témoignages détruisent aussi en grande partie les assertions anecdo
tiques de certains historiens vénitiens. Voyant la décoration de ce plafond
composée en grande partie de têtes de chérubins à huit ailes, ils ont voulu y
voir une allusion à la générosité d’un Cherubino Ottali ou Aliotti, membre
de la Confrérie, aux frais duquel le plafond aurait été construit, ou lequel,
selon d’autres, aurait accepté la direction du travail et y aurait largement
contribué à la condition d’y faire figurer son nom; mais les réglements ne
permettant pas d’accéder directement à ses désirs, 1’ ambitieux confrère obtenait
son but favori en faisant sculpter en guise de rebus les susdits chérubins ( 6 ).
Le plafond divisé avec une grande simplicité a beaucoup d’autres mérites
artistiques. Ce qu’ il faut admirer surtout, c’ est la manière dont les divisions
de la partie plane se combinent en se raccordant avec les arcs à la mi-voûte
en lunettes.
Dans le ciel vers les angles il y a quatre enfoncements circulaires et dans
le milieu un plus grand avec peintures exécutées en d’autres temps. Dans
chacun des autres compartiments rectangulaires se trouve, comme je T ai dit,
renfermé un chérubin à grandes ailes, dont la tête, en rapport de hauteur, fut
sculptée uniquement dans un but décoratif.
La décoration à feuilles entortillées, de bâtons qui encadrent ces champs
et qui constituent aussi l’ossature de la mi-voûte, était aussi souvent employée
dans les modénatures analogoes qui partageaient en rectangles les fermetures
en bois des portes de nos palais.
La frise à touffes de feuillages, mouvementés et exécutés avec élégance
( 1 2 3 4 5 6 ) T e X te ït., p. 83.