PÉRIODE DE TRANSITION
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mentaux de la dernière période ogivale et jusque dans la préférence pour les
marqueteries, des devants d’autels, à dessins géométriques, on y remarque
également les niches à coquilles qui furent introduites postérieurement au
contrat à la place des fel\i ou couvertures en guise de baldaquins, comme on en
voit un exemple dans le chœur de la Cathédrale de Torcello ('). Cette forme
à niches, quoiqu’on la trouve employée dans les monuments antérieurs, semble
déjà ici, même par l’emploi de l’arc à plein cintre et par son majestueux
développement, un indice de la Renaissance.
Dans les divisions des stalles, le motif de la décoration (quoique uni
forme) soit par la manière dont sont disposées et fouillées les masses, soit
par le mouvement des profils, est robuste et ressort assez bien. La sculpture
du feuillage a sur plusieurs points une légère teinte de Renaissance.
Il n’ est pas hors de propos de dire que ces sièges, enlevés en 1595 de
l’endroit auquel ils avaient été primitivement destinés, durent subir quelques
modifications, qu’on en supprima même un, ce qui fait qu’il n’en reste plus
aujourd’ hui que 48.
Marco de Cozzi sculpta encore entre 1465 et 1466 pour la même Église
la porte qni va du parloir à l'église et un pupitre, qui malheureusement n’ exis
tent plus.
Pendant le travail de ce chœur d’autres maîtres avaient achevé ou s’étaient
occupés de faire des œuvres importantes du même genre pour les Églises
de S. Giovanni in Bragora, de S. Giovanni du Temple, de Santa Maria For-
mosa, de S. Giuliano, de Santa Marina, et en 1466 pour celle de S. Marie
de la Charité ( 2 ); à quelques-uns de ces travaux prirent part m.° Alberto da
Baisio fils de m.° Tommaso de Modène. Ce qui me confirme dans mon opinion,
c’est de le voir domicilié à Venise de 1430 à 1451 ( 3 ), dont il s’absenta plu
sieurs fois: ainsi par exemple en 1450, sans doute pour se rendre à Ferrare
et y sculpter les bustes de la sacristie de la Cathédrale en collaboration de
son frère Arduino intajator figurarum et ligaminis, auteur de 1’ ancien chœur
de S. Francesco de la même ville ( 4 ).
Peu de temps avant 1467 Francesco de Cesani demandait à certain maître
Jacopo sculpteur d’exécuter un chœur en bois pour 1’ Église de S. Antonino.
Cette commande déjà exécutée en 1468 donna lieu à un différend entre ce maître
et le fils de Cesani et par suite aux preuves testimoniales suivantes qui, tout
en fournissant quelques lumières sur la construction de ce chœur, sont encore
précieuses à d’autres points de vue:
1468, 27 septembre. — Blasius de cesanis uti commissariuspatris suis absens
in curia p. d. Just. Veteris sententiatus fuit dare debere mag.° Jacobo incisori Duc. X
pro laborerio facto in uno coro ecclesie Sancti Autonini
(i 2 3-») Texte It., p. 84.