Full text: Période de transition (Première partie)

PREMIÈRE PARTIE 
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semble des riches décorations, chacun des détails ajoute une valeur telle que 
l’amateur a peine à en détacher les yeux. 
Quelle ne devait pas être l’impression produite par ce monument à peine 
terminé ? 
Quand les luxuriantes sculptures des accoudoirs et des cloisons et les 
figures (non rongées comme aujourd’hui par les vers et usées par le contact 
et le frottement des mains ) accusaient franchement la finesse et la sûreté de la 
gouge maniée par ces grands artistes ? 
Alors que les marqueteries à perspectives et les dessins géométriques 
combinés de la manière la plus exquise, se dessinaient nettement dans les carrés 
des dossiers et le long des différentes bandes et superficies planes ? 
Comme 1’ effet devait en paraître somptueux lorsque les dorures encore 
fraîches reluisaient sur les feuillages marquetés des frises, sur les modillons 
et sur les arceaux et dans les détours des doubles niches striés d’azur; et 
quand sur l’azur du fond émergeaient, brillant de l’or le plus fin, les aiguilles 
et les pointes ornées de feuillages vivants et surmontées de figurines battant 
des ailes ? 
Mais là où 1’ on voit, encore aujourd’ hui, surtout le mérite artistique 
de ce travail, c’ est dans les demi-figures de Saints et de Saintes sculptées en 
bas-relief dans les carrés supérieurs des dossiers ( non toutes contemporaines 
cependant ). La plupart de ces sculptures dépassent les limites de 1’ art décoratif 
et 1’ on y admire spécialement la manière vériste de traiter les têtes souvent 
tournées en trois points, la forme recherchée et gracieuse de quelques mains 
et les vêtements pliés avec bon goût et exécutés con amorc e maestria. 
Dans quelques têtes de femmes la physionomie rappelle légèrement tel 
tableau exécuté à Venise par des maîtres influencés par l’école allemande. 
Des analogies de style avec les chœurs de S. Zacharie et de S. Marie 
des Frari se retrouvent encore dans celui qu’ exécuta Marco Cozzi pour le 
Dôme de Spilimbergo entre 1474 et 1477, où Marco eut, pour l’aider dans 
ce travail, son fils Giovanni ( v. texte et note 4 de la p. 84 du T. J). 
Vient ensuite dans 1’ ordre du temps le chœur de 1’ Église de S. Étienne 
premier martyr, à Venise. Toutefois d’après un document intéressant publié ( 4 ) 
par le comm. Stéfani ( mais, à mon avis partagé du reste, accompagné de 
remarques assez inexactes relativement à la date du travail et à son auteur ), 
j’ ai pu me convaincre que, dès avant 1481 une bonne partie de ce travail avait 
été préparée et exécutée par maître Leonardo Scalamanzo sculpteur. 
Par ce document, en date du 27 Février 3481, concernant un jugement 
rendu dans le procès de Scalamanzo avec le monastère de S. Stefano, on voit 
que celui-ci fut condamné à payer en plusieurs fois au susdit maître le reste 
( 1 ) Texte It., p. 86.
	        
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