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PREMIERE PARTIE
auteurs avancent que ce travail ne fut terminé que 1’ année suivante, et une
chronique du XV e siècle va jusqu’ à en préciser ainsi la date : in M.° IIIJ e V
del mexe d’April fo compida la fenestra granda indorada del pala\o con quele fegure
che voi vede al présente, etc. (*). Cette divergence de dates, à mon avis, ne vient
que du temps requis pour certaines polychromies et pour les susdites dorures
encore aujourd’ hui visibles en plusieurs endroits.
Dans son ensemble ce travail se rapproche plus qu’ un autre d’un type
sacré, qui à Venise a de minuscules ressemblances avec les custodes ou taber
nacles de marbre (1387-1388) adossés aux pilastres latéraux dans le Chœur de
Saint-Marc ( 2 ).
Les parties architectoniques, qui donnent surtout un aspect élégant à ce
travail sont les colonnes polyédriques dites piliers (en bas à petites niches et
en haut à aiguilles surpassant la dentelure de couronnement de la façade)
qu’ on a eu P heureuse idée de grouper deux par deux pour éviter un effet
trop maigre et disproportionné avec la situation. A côté d’elles, mais non à
côté de 1’ ensemble, la pointe centrale paraît un peu lourde ; si elle encadre
bien le tout, elle a cependant son corps à niches, étayé d’une manière peu
gracieuse. L’ arc de la grande fenêtre par rapport aux soutiens sur lesquels il
s’ appuie (dont la hauteur est la largeur de 1’ ouverture) paraît aussi à pre
mière vue un peu lourd, mais est cependant en harmonie (sinon en correspon
dance linéaire) avec les autres ouvertures du même étage et se relie assez bien
au trou circulaire qui le domine.
En tenant compte de la disparition d’une des décorations principales,
c’ est-à-dire du lion symbolique ( 3 ), qui était placé autrefois sur la lambourde
à consoles tangentes au susdit œil, tout 1’ espace médial est trop chargé de su
perpositions diverses ; aussi toute cette partie résulte-t-elle d’un type élémen-
tairement fragmentaire.
Les petits baldaquins des niches inférieures sont de structure très élégante;
les chapiteaux des colonnes de marbre grec et vert antique et les ornements
contigus des jambages, sur les robustes cimaises desquels repose le grand arc,
ont tant pour le type que pour les détails de nombreux rapports avec d’autres
travaux congénères exécutés dans le palais au XIV e siècle ; tandis que le feuil
lage des chapiteaux sur les colonnes de brocatelle qui soutiennent les piliers
intérieurs à aiguilles, comme celui des divers supports et des consoles, montre
au contraire dans son allure et ses développements une plus grande habileté et
présente des analogies avec les ornements du monument élevé au Doge An
toine Vénier dans l’Église des SS. Jean-et-Paul. En général les modénatures
offrent un gracieux profil.
Relativement à la polychromie naturelle je rappellerai encore ici l’emploi
(i 2 3) Texte lt., p. 1 et 2.