PÉRIODE DE TRANSITION
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ri y avait pas de colonnes rouges dans la loggia primitive, « comme on peut le
» voir (?): il y en a dans la loggia actuelle » (2 seulement), « mais ceci est
» postérieur au moins de soixante ans au supplice de Calendario ».
Qu’on ait employé la pierre rouge avant 1424 et même dans le vieux
palais, on peut le déduire d’un document en date du 3 Juillet 1356. Il y est
dit que D. Marco Minoto, prieur du Couvent de St. André de la Chartreuse,
obtint de la Seigneurie pour la contruction d’un cloître, 40 colonnettes avec lis
de pierre rouge de Vérone qui sont restées de notre palais, lesquelles, déclaraient les
Procurateurs de Saint-Marc, ne peuvent être d’aucun usage pour V église de Saint-Marc
et valent environ XL gros (?).
Peut-être d’autres colonnettes rouges provenant du palais avaient-elles été
aussi auparavant employées dans les travaux de la Basilique Marciana et
probablement dans les rayons de l’entrelac ajouré de la grande fenêtre circu
laire ou roue dans le bras méridional de la Croisière; fenêtre restaurée en 1821
par l’ingénieur César Fustinelli et par le tailleur de pierres Dominique Fadiga,
comme le porte l’inscription.
La loggia, dont parle ainsi Dall’Acqua, est formée des larges ouvertures
aujourd’hui presque entièrement murées, qu’on aperçoit aux côtés de la galerie
ouverte extérieure donnant sur la Piazzetta.
Mais avant de mettre en évidence de nouveaux documents, qui pourront,
à eux seuls, renverser toute hypothèse sur l’identité de cette loggia avec celle
de Ziani ou avec une autre qui, suivant quelques-uns, y aurait été ouverte sous
le dogat d’André Dandolo, je crois utile de l’étudier au point de vue artistique;
à mon avis, la lumière peut encore se faire par l’analyse de ses parties
architectonico-décoratives, d’autant plus que de cette manière on arrive à dé
truire la supposition que ces parties proviennent de constructions antérieures
à 1424 ou ont été exécutées sur le modèle des anciennes.
Parmi les constructions vénitiennes, qui peuvent excellemment donner
une idée des formes architectoniques semblables quant au style à celles du
vieux Palais Ducal de Ziani ou dérivant de celui-ci, je citerai le palais Dan-
dolo-Farsetti, le palais Lorédan et le vieux palais des Ducs de Ferrare, depuis
Fondaco dei Turchi (v. fig. 4), aujourd’ hui Musée Civique, rebâti depuis peu
d’une manière assurément médiocre sous le rapport de la construction et au
point de vue artistique.
J’ai dit formes dérivées, parce que le Palais Ducal, à partir de 1450 figure
dans l’histoire de l’art comme prototype des plus remarquables constructions,
non seulement à Venise, mais encore ailleurs, comme je le démontrerai plus loin.
Il faut encore citer à ce propos la cour des Primiciers auprès du Pont
di Canonica, et les anciennes habitations avec balcons des Procurateurs de
Saint-Marc, que fit élever sur la place de ce nom le même Doge Ziani, dont