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PREMIÈRE PARTIE
que P endossement de ces pieds-droits ou parastes ait été exécuté depuis, cela,
à mon point de vue, ne diminue pas le moins du monde la possibilité d’un
ancien portique contemporain de ce mur; galerie ouverte qui, selon les caractères
des anciennes constructions, devait avoir le plafond formé non pas d’une voûte,
mais de travaisons découvertes. Il est à supposer cependant que par suite des
constructions projetées en 1330, les fondations extérieures du vieux portique
ont été entièrement remplacées par d’autres correspondant aux nouvelles co
lonnes, qui, je l’ai déjà dit, étaient destinées à une charge beaucoup plus lourde
que celle qui pesait sur l’ancienne colonnade.
La date 1344 qu’on voit gravée sur le second chapiteau de la galerie
vers le canal à partir de l’angle Sud-Ouest, donne lieu encore à une confron
tation artistique. En comparant le type de ce chapiteau avec ceux du côté sud
et du côté ouest jusqu’à la huitième colonne (abstraction faite des compéné
trations des restaurations, retouches et rénovations faites à diverses époques)
on voit que les différences constatées proviennent, moins d’un notable intervalle
de temps, que du goût et du mérite des différents sculpteurs qui les exécutèrent,
comme aussi de la plus grande importance donnée à ceux de plus grandes
dimensions. Et de fait en supposant les chapiteaux de ce portique et de la
loggia commencés en 1341 et terminés avant 1348, on comprend sans peine
que le travail seul a dû occuper environ une douzaine de maîtres et bon
nombre de leurs élèves ou auxiliaires.
L’homogénéité de l’ensemble architectonique des façades actuelles est
due à la fidèle reproduction du modèle ou dessin du XIV e siècle, dont la longue
histoire nous est sans doute inconnue faute de documents; lequel assurément
était le résultat d’une grande intelligence architectonique, et chez les artistes
qui le conçurent et chez les juges qui T examinèrent et l’approuvèrent (*).
Le point, où vers la moitié du XIV e siècle s’arrêtèrent les constructions
extérieures du palais, est marqué par la huitième colonne du portique à partir
de l’angle Sud-Ouest vers Saint-Marc, c’est-à-dire après celle en correspondance
statique avec le grand arceau transversal de la loggia, sur lequel et dans toute
la largeur de celle-ci repose l’extrémité du lourd mur d’enceinte, qui du côté
du couchant ferme la salle du Grand Conseil.
Cette septième colonne se fait aussi remarquer par son diamètre de peu
inférieur à la colonne d’angle et visiblement plus grand que les autres, c’ est-
à-dire en rapport avec la grande charge qu’elle supporte.
Plusieurs au contraire voudraient que la construction du XIV e siècle se
fût arrêtée à cette colonne; une telle assertion d’ailleurs ne peut résister à
l’examen de ces constructions et à la comparaison des détails, d’où il ressort:
que le chapiteau de la huitième colonne inférieure, l’imposte du pied-droit
(') Texte It. p. 10.