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PREMIERE PARTIE
comprise. Par les traits et le modelé quelques têtes ont de fortes analogies
avec celles des XXII e , XXIV e et XXX e chapiteaux de la loggia supérieure.
Les feuillages à bords arrondis de ce chapiteau ressemblent à ceux des
précédents, raison pour laquelle on pourrait les considérer comme exécutés
par un même groupe d’ornemanistes, qui modifiaient de cette façon les vieux
modèles.
Le XVI e chapiteau sur lequel sont représentés des vertus et des vices est
une reproducton de VII e de l’autre façade. La figurine du VII e côté exprimant,
mieux que la Gaieté, l’Allégresse, a la tête et les mains exécutées avec soin;
dans les autres figures les vêtements pèchent quelque peu par l’ampleur. Puis
relativement à l’iconographie je rappellerai que, tandis que l’artiste du XIV e
siècle représentait la sottise sous la forme d’un homme aux vêtements garnis
de grelots, à la façon des bouffons, à califourchon sur un bâton avec tête de
cheval (attribut de la folie), le sculpteur du XV e siècle enfourchait, au lieu d’un
criquet avec frein, dont la marche semble gênée par les feuillages, une figurine
d’homme avec l’habit orné de feuilles.
Comme nous le verrons ailleurs, une soixantaine d’années plus tard maître
Pietro Lombardo représentant la Folie, ôtait sagement le mors à la monture,
rendant ainsi plus compréhensible le même sujet sans recourir à une inscription.
Sur le XVII e chapiteau dont la composition correspond à celle du VIII e
du Môle, sont sculptés des oiseaux d’espèce différente. Il offre de loin quelques
particularités, et dans la partie saillante des feuilles qui revêtent la campane on
remarque les caractères du XIV e siècle.
L’avant-dernier chapiteau décoré comme le XV e de l’autre façade de
demi-figures d’enfants, a reçu de Selvatico, à cause de son exécution, le titre
de chef-d’œuvre. Ceci toutefois n’est vrai que pour ses feuillages qui sont du
même type et évidemment exécutés par le même ornemaniste qui décorait ceux
du chapiteau de l’angle Nord-Ouest; mais les amours aux têtes presque dé
pourvues d’expression, sont exécutés de manière et de formes trop arrondies,
plusieurs (spécialement celui du second côté) rappellent le vieux petit ange
porte-écu à droite du Monument Mocénigo et celui du corbeau de gauche sous
l’architrave de la porte tant de fois citée de la Mandorla.
En comparant ce chapiteau avec le XV e de l’autre façade, on voit évi
demment que dans celui-ci la figure est sculptée d’une manière plus expressive
et bien différente, et basée essentiellement sur l’étude du vrai.
L’artiste, qui sculptait les enfants qui le décorent, montre dans presque
tous une intelligence du nu et une désinvolture d’exécution remarquables rela
tivement aux travaux congénères du XIV e siècle, qualités saillantes surtout dans
l’amour du premier côté (v. fig. iç), qui, quoique de type vulgaire, est un des
fragments les plus intéressants du Palais Ducal. Dans ce chapiteau placé sur