PÉRIODE DE TRANSITION
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cependant assez expressives. Ce chapiteau a aussi beaucoup d’analogies typiques
avec les autres de la même loggia, ainsi par exemple avec le XXX e , le XXVII e
et le XXIV e .
En général dans presque tous ces derniers travaux domine le même typé,
développé avec une exagération de largeur certainement employée pour ob
tenir des masses un effet à distance, mais qui, à les regarder de V étage de
la loggia, c’ est-à-dire d’un point de vue secondaire, leur donne uu aspect plu
tôt lourd. Le même défaut relatif s’accentue encore davantage dans les cha
piteaux de la façade, qui sous le rapport du mérite artistique laissent beaucoup
.à désirer.
Si, relativement à l’exécution, les grands chapiteaux du portique ont plus
de prix que ceux de la loggia, ceux-ci, quand on étudie l’évolution des formes
aux différentes époques, ont une valeur plus importante, parce que les artistes
qui les sculptèrent eurent évidemment plus de latitude pour le choix des for
mes et des détails.
Aux chapiteaux de la loggia du XIV e siècle, sur la plupart desquels
figurent transmis par héritage de l’art soi-disant byzantin certains souvenirs
des anciennes formes classiques, succédèrent au contraire dans les chapiteaux
de la nouvelle loggia les caractères distinctifs de la première moitié du XV e
siècle. Dans ces nouveaux chapiteaux, en dehors de la forme d’ensemble
commune à cette partie d’un ordre prise comme support, on peut dire qu’il
n’ y a aucune idée classique, et cà et là seulement sur quelques-uns d’entre eux
se montre à peine quelque groupe de feuilles ou autre détail qui rappelle
jusqu’à un certain point les anciens; à cette époque et spécialement pour ce
monument, c’était sans doute là tout ce qui était permis à un artiste déjà initié
aux éléments de la Renaissance.
En général les écrivains d’Art attribuent, sans preuves à l’appui et à
défaut de comparaisous suffisantes, le mérite principal tant des chapiteaux de la
galerie (moins celui de l’angle Nord-Ouest) que ceux de la loggia (cor
respondants à la partie reconstruite après 1424) à Giovanni Bono, à son fils
Bartolomeo et à un m.° Pantaleone, qui, quoique associé à ce dernier dans plu
sieurs travaux, est regardé à tort comme son frère.
Quant aux caractères artistiques des susdits chapiteaux extérieurs, à mon
avis, la collaboration des maîtres vénitiens n’a qu’une importance presque
secondaire.
Comme on le verra plus loin, les Bono, tailleurs de pierres, ne purent
mettre directement la main à la nouvelle construction du Palais avant 1426
et même après cette date leur nom figure souvent dans d’autres constructions
civiles et religieuses. Toutefois à la grande importance des travaux du Palais
qui leur furent confiés en 1438," on peut supposer que le Gouvernement les