PREMIERE PARTIE
avait déjà mis à l’essai, peut-être pour l’exécution des grandes fenêtres à jours
et pour le couronnement de l’édifice.
D’autres maîtres constructeurs étaient à cette date salariés par la Commune,
et la Seigneurie dut incontestablement réclamer leur concours pour les travaux
si importants de son Palais. Parmi eux je citerai Penzino ou Pecino, ingénieur
bergamasque déjà au service de la République dès avril 1398 ( 1 ), souvent
employé aux travaux du Lido, des lagunes ( 2 ), aux fortifications et à d’autres
constructions importantes. En effet, après l’incendie de 1420, qui réduisit en
cendres la toiture du Palais de Justice (sala délia Ragione) de Padoue, le
Sénat l’envoya avec un certain Bartolomeo Rizzo ( 3 ) réparer cet édifice et en
refaire le toit.
On ignore la date de la mort de Picino ( 4 ), mais il vivait encore en 1450,
car le 8 décembre de cette même année les Provéditeurs du Sel ayant repré
senté que maître Picino, arrivé à la vieillesse, n’était plus apte à remplir sa
tâche, on leur permit de lui donner pour auxiliaire un nouvel ingénieur ( 5 ).
Parmi les maîtres il ne faut pas oublier Giacomo Celega, maçon, appelé
proto magistro de la Seigneurie, et qui était encore au service des Procurateurs
de Saint-Marc ( 6 ). Il était déjà mort en Janvier 1451.
Dans les documents relatifs à la Cà d’Oro ( 7 ), j ai retrouvé au contraire
deux artistes tailleurs de pierres employés au Palais Ducal, à savoir un
maître Andrea dit da Milano, qui en 1426, et peut-être même avant, travaillait
précisément aux chapiteaux, et un maître Francesco de Padoue qui y travaillait
en 1430. Comme on le verra, il y avait alors à Venise une foule de tailleurs
de pierres lombards, et les meilleurs d’entre eux, aidés de plusieurs élèves,
devaient très vraisemblablement figurer sur les cahiers de dépenses de cette
importante construction. Malheureusement ces registres n’existent plus, et il est
par là même impossible de citer même les noms des maîtres représentant
l’école vénitienne, qui, étant donné les caractères de certaines décorations, spé
cialement des chapiteaux des loges intérieures, ne manquèrent pas d’y
prendre part.
A. Venturi ( 8 ) écrit que, pendant cette période, à Ferrare, les « tailleurs
» de pierres, Domenico Taiamonte, Pantaleone et Alvise de Venise, Fiorio de
» Vérone ( 9 ) et autres, travaillent aux palais et aux demeures ducales, sculptent
» des chapiteaux et des socles de marbre avec feuillages et avec les armoiries
» du marquis; font des margelles de puits et de citernes, comme cela se prati-
» quait à Venise (v. fig. 20). C’est à l’un d’entre eux qu’il faut probablement
» attribuer onze beaux chapiteaux aux armes d’Este et ornés de feuilles entre-
» lacées, qui furent transportés de Ferrare à Modène, en 1630, ensuite de Modène
» dans le Jardin de Sassuolo, et dernièrement à Venise chez un antiquaire.
(12 3 4 5 6 7 8 9) Texte It., p. 16.