PÉRIODE DE TRANSITION 67
dans P emploi de ces matériaux furent pour les angles extérieurs et les arcades
de la galerie.
D’autres sommes sont encore mentionnées dans les papiers de Contarini,
mais elles concernent des travaux de peu d’importance. Toutefois je terminerai
ici l’examen de ces dossiers en citant les artistes qui suivent: m.° Michèle Faute
di Giovanni Bono (1427); m.° Francesco lapicida a S. Severo; maestro Loren\o;
m.° Giacomello Ragno lapicida aux SS. Jean-et-Paul ( 2 ) ; m. Griego da S. Soffia
qui en 1426 exécutait les retortolj de la charpente delV albergo de sotto ou du
rez-de-chaussée, et enfin m.° jachomello intaiador che sta a S. Lio ( 3 ), lequel en
1429 recevait divers paiements pour la sculpture dei retortolj (dans les poutres
ou bordonali) parte tondi e parte cavadi, c’ est-à-dire en alternant les vides et les
pleins comme dans les corniches de pierre de la façade au-dessus de l’étage
du milieu et dans les colonnettes latérales des fenêtres supérieures.
Il reste maintenant à dire quelque chose de l’aspect général de l’édifice,
sur les rapports architectoniques et décoratifs, sur la paternité artistique et
sur les vicissitudes et altérations qu’il a subies.
La façade de la Cà d’Oro rappelle dans son ensemble les palais typiques
vénitiens du XIII e siècle, composés, comme je l’ai déjà dit, de galeries et loges,
flanquées ou enfermées entre deux ailes ou corps parfois en forme de tours
mais sur le même alignement frontal, et dont la vue de Jacopo de’Barbari
(1500), déjà citée, offre de nombreux exemples. Toutefois dans ce palais l’absence
de l’une des ailes en rompt la symétrie et le divise en deux parties d’aspect
différent, qui ont pour trait d’union les bandes ou corniches régnant le long
des divers étages, la dentelure et la répétition de certaines formes archi
tectoniques.
L’unité d’ensemble ainsi obtenue est cependant troublée à son tour par
la sensible variété de proportions des ouvertures et par le défaut de cor
respondance verticale entre les colonnades des loges et celles de la galerie
ouverte, non moins que par les dissonnances des détails ornementaux, dont
plusieurs, quoique retouchés en différents endroits, se font encore remarquer
comme appartenant à une période artistique antérieure même au XIV e siècle;
ce qui est dû à une sorte d’anachronisme caractéristique des tendances des
Vénitiens vers les formes byzantines.
Comme proportions, la hauteur du rez-de-chaussée (c’est-à-dire du niveau
de la marée ordinaire jusqu’au-dessus de la première corniche) peut être con
sidérée comme égale à celle du piano nobile, qui est un peu plus élevé que
ce dernier, non compris bien entendu les parties de couronnement à arceaux
et les dentelures.
Dans la loggia centrale les colonnes, y compris le chapiteau et la base,
0 2 3 ) Texte It., p. 26.