PÉRIODE DE TRANSITION
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(*) Texte It., p. 31.
Quoique d’un plan architectonique moins net, toutefois comme distribu
tion des parties principales, ils s’écartent peu du type de la Cà Foscari.
Quant aux détails, plusieurs chapiteaux des loges inférieures semblent exécutés
antérieurement au reste ; on y remarque les ajours à double imposte suspen
due sur deux fenêtres du piano no bile et la corniche de couronnement, laquelle
est moins développée que celle du palais Foscari, suivant au contraire un type
déjà en vogue depuis longtemps, composé d’une gouttière soutenue par des
modifions et décorée d’une espèce de larges pointes de diamant découpées en
feuilles crucifères déterminant entre elles des rhombes.
Dans la façade carrée du palais dit de l’Ambassadeur à S. Barnaba
sur le Grand Canal la gradation de la hauteur assignée aux différents étages
est excellente (v. fig. 42). Le rapport entre la longueur du corps des loges et
celle de la façade est approximativement égal à 1:3, s’écartant ainsi nota
blement de celui de la Cà Foscari et des grands édifices dans lesquels ordi
nairement les fenêtrages continus ont un plus grand développement. Réduction
qui, étant donné 1’ extension plus petite de la façade de ce palais, était néces
saire pour obtenir latéralement deux endroits d’une certaine capacité.
Là encore la construction est entourée de typiques rampes angulaires
fouillées avec ornements de pierre d’Istrie.
Les modénatures du couronnement sont ornées de cordes et des susdits
rhombes en creux. Dans la corniche inférieure, dans les contours de l’ouver
ture du quai richement proportionnée (semblables à ceux du susdit palais
Bernardo sur le Grand Canal) et dans les fenêtres inférieures à arc baissé ( 3 ),
se trouve employée une sorte de dentelures — petits modifions qui, vus à une
certaine distance, ressemblent au classique.
Dans les niches style Renaissance disposées dans les champs du milieu
des ailes, on admire deux belles statues tenant des écussons, lesquelles, vu les
grandes analogies qu’ elles ont avec plusieurs figures congénères du monument
élevé au Doge Pietro Mocenigo aux SS. Jean-et-Paul, doivent être regardées
comme des œuvres sorties de l’atelier de Pietro Lombardo.
Comme il est facile de le voir, le balcon comme les contours des fenêtres
situées immédiatement sous le piano nobile, sont d’une époque de beaucoup
postérieure.
Après l’incendie de 1891 qui détruisit le toit de ce palais, son propriétaire,
assurément mal conseillé, ne voulut pas seulement relever et prolonger vers
la façade la partie de la construction de derrière, mais encore remplacer la
toiture par une terrasse, imaginant d’y ajouter des crénelures ou des balu
strades. Ces modifications et additions inconsidérées altérant gravement les
rapports artistiques avec le milieu et la sobriété primitive de l’ensemble ar-