LA RENAISSANCE.
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( 1 2 ) Texte It., p. 182.
de martiri que de fu Martin ou de quondam, parce que sur les registres de la
Confrérie de S. Marc et dans les documents concernant les travaux de la Cha
pelle Bernabò, maître Mauro est aussi quelquefois appelé moro de marlin (?).
Mais si un doute pouvait encore subsister à ce sujet, il devait disparaître par
1’ apostille ajoutée à côté du nom de maître moro de martin murer, c’ est-à-dire
par la date de sa mort: f 1504.
Mauro Coducci avait ou à peu près construit le grand escalier de la Con
frérie de S. Marc tant vanté par Temanza et 1’ on comprendra d’autant mieux
qu’il devait exciter l’admiration des contemporains si l’on songe à certaines
caractéristiques des édifices vénitiens de cette époque, dans lesquels, par écono
mie de place ou espace intérieur, cette partie était réduite à de mesquines pro
portions, ou encore (et le plus souvent) s’appliquait à l’extérieur de bâ
timent.
Et le vif sentiment d’émulation qui animait alors ces riches confrères
devait immanquablement éveiller chez les membres de la Scuola de S. Jean
l’Évangéliste un vif désir de posséder une œuvre qui, outre la commodité, fut
assez somptueuse pour ne pas être inférieure à tout ce que d’autres avaient
fait jusque-là.
Il était donc tout naturel que, préférablement à tout autre architecte, ils
s’ adressassent à Mauro Coducci. Celui-ci (comme on peut le déduire de la
description rapportée ci-dessus de Temanza) construisit le nouvel escalier sous
une forme peu différente de celui de la Scuola de S. Marc, c’ est-à-dire en deux
branches affrontées divisées chacune par un repos et conduisant à un palier où
sert de porte une ample arche ( l ) avec colonnes accouplées et pilastres qui offre
un passage très commode pour aller à la salle supérieure (v.fig. 67). Dans le
même palier et vis-à-vis de l’entrée s’ ouvre 1’ une des riches fenêtres à bifores
avec jours entre les arcs où, comme 1’ a écrit Selvatico à propos des égales
bifores du palais Lorédan (v. PI. 116), « il y a une grâce charmante, une
» élégance robuste, un si ingénieux contraste entre les lignes droites et les
»courbes qui ravit l’âme par son harmonie enchanteresse ( 2 )».
Sur les quatre arcs de ce palier tourne en tangente un étroit encadrement
avec frise niellée en mastic, sur laquelle est une coupole aveugle hémi-sphérique;
et une coupole égale sert aussi de ciel au-dessus de chaque palier aux pieds
de 1’ escalier, auquel on accède par une large porte rectangulaire avec pilastres
cannelés et ornement en nielle.
Au rez-de-chaussée en correspondance avec le haut de 1’ escalier s’élargit
un ample vide contourné par un arc baissé à jambes et par de larges pilastres
ornés de patères à feuillages à niellure en creux.