LA RENAISSANCE.
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visiblement non seulement les synchronisme mais encore le concept d’un seul
esprit, d’une seule direction.
Malheureusement encore ici comme pour la plus grande partie des con
structions ou œuvres dues à l’initiative de simples particuliers, nous n’avons
plus les documents, c’est-à-dire les contrats et les registres des dépenses de la
fabrique.
Tous ont-ils été dispersés? n’est-il plus possible, en remuant avec soin le
fond de certaines archives de famille, de découvrir encore quelque mémoire
relatif à la manière dont furent conduits les travaux de ces maîtres et de
l’architecte? de l’auteur qui ne peut être Pietro Lombardo (Solero), comme le
supposaient et Selva et Selvatico ; mais bien Mauro Coducci?
Cette opinion a pour elle et T ensemble grandiose et hardi de la façade,
et les ordres de colonnes employées ici si largement pour la première fois
dans l’architecture civile, et le type et les majestueuses proportions des bifores,
et le caractère fragmentaire des décorations des hautes frises, et les robustes
sacomes, et la judicieuse inclinaison des bandes des archivoltes, et la manière
d’amincir les colonnes et même le système de replier les modillons des arcs
sur l’imposte centrale des bifores.
Toutes choses dont on a des marques caractéristiques dans les divers
édifices construits par Moro, où 1’ ordonnance générale est toujours déterminée
par de vraies masses architectoniques mises hardiment en relief.
Au contraire dans les œuvres de Pietro Lombardo, rare est 1’ emploi des
colonnes, et les autres éléments organiques qui devraient remplir le rôle de
soutiens, ne semblent pour la plupart, étant donné 1’ exquise délicatesse des
reliefs, que destinés aux carrés ou contours des ornementations. Œuvres où
surtout prédomine l’instinct de l’un des plus gracieux décorateurs qui donne
même à l’édifice l’empreinte particulière du bas-relief architectonico-ornemental.
En mettant le palais Lorédan au nombre des constructions de Moro, je
ne veux pas dire toutefois qu’il ait été entièrement achevé par lui, car je suis
persuadé que, au moment de sa mort arrivée en 1504, une grande partie des
travaux extérieurs n’avait pas encore été mise en place et que, de plus, plusieurs
autres choses furent faites ou complétées par celui qui fut appelé à le remplacer;
par exemple les parapets des balcons à colonnes et pilastres avec les tradi
tionnels lionceaux accroupis, qui par le luxe minutieux des ornements ne
s’harmonisent guère avec la sévère sobriété des autres parties et contrastent
trop avec les robustes formes des modillons inférieurs. Et c’ est seulement dans
cette seconde période de la construction que la direction, à mon avis, dut être
confiée à Pietro Lombardo ou à son fils Tullio, lesquels, spécialement dans la
façade, purent bien modifier un peu ou organiquement compléter ce qui avait
été fait ou préparé suivant le modèle et les mesures fixées par Moro. Architecte