Full text: La renaissance (Seconde partie)

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SECONDE PARTIE 
Si 1’ on songe qu’ à cette époque la nouvelle construction du Palais fut 
pendant quelque temps suspendue, on pourrait en conclure à première vue que la 
Seigneurie employa Rizzo meme à l’érection de la tour; mais si cette suppo 
sition peut avoir quelque apparence de probabilité relativement au groupe 
statuaire du Doge Agostino Barbarigo à genoux devant le lion de S. Marc 
dans le dernier ordre ou compartiment ( 1 ), par contre elle ne peut résister à 
1’ examen et à la comparaison des détails architectoniques où se révèle mieux 
le goût spécial ou distinctif de celui qui dirige une construction, 
Il ne resterait donc plus qu’ à assigner cette œuvre à Bon, si nous ne le 
voyions au contraire en juin 1496 faire voile en qualité d’amiral sur les galères 
du capitaine Melchiore Trévisan, laissant pour un temps à son poste de proto 
un autre maître ( 2 ). Il est cependant très probable qu’ il retourna à Venise à 
temps pour terminer ce travail. 
Il n’ y a donc plus, pour résoudre tous ces problèmes, qu’ à interroger 
1’ édifice même et à le mettre en comparaison avec d’autres œuvres. 
Et ici encore le résultat des analyses parle presque partout en faveur de 
Mauro Coducci, ainsi dans les caractères de l’ensemble, dans la grande archi 
volte qui a une parenté absolue avec l’entrée de la Chapelle Bernabò à S. Jean- 
Chrysostôme; ainsi dans la typique solidité et le mouvement de certaines masses 
du dernier ordre (analogues par le genre de composition à la partie supérieure 
de la façade de la Scuola de S. Marc) et en outre dans le type de plusieurs 
modénatures. 
De fait en confrontant le profil original du premier entablement qui sert 
encore d’imposte à 1’ archivolte de la tour, avec la troisième corniche de la 
façade de S. Zacharie (v. fig. j8), on ne peut s’empêcher de reconnaître qu’ils 
ont été tracés par le même architecte. 
Quoique la tour de l’horloge soit, comme je 1’ ai dit, une construction 
étroitement liée à certaines conditions mécaniques spéciales, elle a d’ailleurs 
un aspect élégant et la division de ses différents étages suit une bonne gradation 
décroissante du haut en bas. 
Le grand arc est grandiose et bien proportionné: mais ses colonnes plutôt 
ventrues placées sur des piédestaux cylindriques aujourd’ hui en partie enterrés 
dans le pavage, furent, pour ne pas diminuer la largeur de l’ouverture, serrées 
un peu trop contre les flancs des pilastres ; motif pour lequel 1’ architecte dut 
transporter le contour supérieur des carrés intérieurs de ceux-ci pour donner 
lieu aux cornes des abaques et aux volutes des chapiteaux. Procédé ingénieux 
dont d’ailleurs Temanza (qui attribue à tort cette construction à Pietro Lom 
bardo) exagère la valeur en disant que c’ est là « une de ces découvertes, qui 
»ne sont familières qu’aux ouvriers de grand mérite ( 3 ) ». 
(‘ 2 3 ) Texte It., p. 189 et 190.
	        
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