Full text: La renaissance (Seconde partie)

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SECONDE PARTIE 
des chapiteaux, des frises (v. fig. 82), des archivoltes (v. fig. 83 et 84) et de 
l’ornementation de la corniche sur laquelle a été disposée la coupole. 
Ornementations composées et exécutées par des maîtres qu’ il faut mettre 
au rang des plus habiles de la Renaissance. Cela est si vrai que, si dans 
certains détails et au milieu des feuillages d’acanthe on n’ apercevait un peu 
trop les coups du trépan, on ne penserait guère au marbre ou à la sculpture; 
mais au modelage plastique d’une substance bien plus malléable, beaucoup 
plus obéissante. 
Parmi les divers décorateurs qui travaillèrent dans cette Eglise il faut 
distinguer surtout l’auteur des ornements des piliers de l’arc de triomphe, 
dans lesquels je retrouve les caractères du maître, Ambrogio d’Urbin, qui 
vers le même temps sculptait pour l’Église de S. Michel les décorations delà 
porte et des piédestaux du presbyterium, et 1’ on ne pourrait découvrir d’autre 
différence notable en les comparant que celle inhérente à la diversité des 
matériaux. 
Et il me semble retrouver le goût libre et la main exercée d’un autre 
maître distingué qui travailla à S. Michel, du lombard Taddeo, dans la riche 
et très belle guirlande qui fait intérieurement le tour de la coupole, et dans 
certains feuillages déliés des pilastres intérieurs du presbytérium de S. Giobbe 
et dans les guirlandes des petites Chapelles contiguës. 
Au contraire le genre des ornements et la manière de traiter le feuillage 
de certains chapiteaux ont de telles analogies avec ceux exécutés par Giovanni 
Buora dans la porte de 1’ Église de S. Zacharie (v. PL 70 fig. 2), qu’ on ne peut 
les attribuer à d’autres qu’ à ce sculpteur. 
A quel degré était alors parvenue 1’ habileté des maîtres lombards, nous 
le voyons clairement, malgré les insultes réitérées « du profane vulgaire », par 
les gracieux ornements (v. fig. 83 et 86) qui encadrent la statue funéraire dans 
le pavé de la grande Chapelle, sous lequel reposent les restes du Doge Cristo- 
foro Moro et de sa femme Cristina Sanuto. 
Et dans ces tiges si magistralement infléchies et conduites, et vivaces et 
luxuriantes et sculptées avec le goût le plus exquis, il est bien facile de deviner 
la marque distinctive du célèbre atelier où furent créées ces merveilles de l’art 
décoratif que sont les socles des grands pilastres de 1’ Oratoire de Sainte-Marie- 
des-Miracles (v. Partie II pl. 19, 20 et 25 fig. 3 et 4) et le contour de la pierre 
tombale sur laquelle furent gravés les vers que composa en 1502 Aide Manuce 
à la mémoire d’Eusebio, moine espagnol de S. Michel de Murano (v. fig. 87 
et pl. 65). 
Et relativement à l’époque où fut exécuté le tombeau de Cristoforo Moro, 
il n’ y a aucune hésitation possible, car il s’agit du Doge qui dans le susdit 
testament (i er Septembre 1470) s’exprimait ainsi: vojo chel mio corpo sia posto
	        
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