LA RENAISSANCE.
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Les médaillons dans les panaches du presbyterium de S. Giobbe me font
penser à la Chapelle de la famille Gussoni à S. Lio (v. PI. 73), où je trouve
également dans les figures de fond de la pala d’autel en marbre (v. PI. 72 fîg. 2)
des souvenirs de Pietro Lombardo. Travail plutôt médiocre qui fut mené à
terme certainement par son fils Tullio comme en témoignent et les traits, à
vrai dire, ignobles et l’expression convulsée du visage de la Madone, et de
même la tête et le nu du Christ qui ont des analogies, tant avec les bas-
reliefs de la susdite Chapelle du Saint à Padoue (v. PL 127 fig. 1 et 2), qu’ avec
la Mise au tombeau (v. fig. ij) existant autrefois à S. André de la Chartreuse.
Dans la sacristie de 1’ Eglise de S. Lio se trouve encore un bas-relief en
marbre grec (v. PI. 72 fig. 1) peut-être ébauché par Pietro Lombardo et qu’un
bon Curé donna ensuite à terminer à quelque pauvre casseur de pierres.
Collaccio trois ou quatre ans après la mort du Doge Moro faisait allusion
à ce maître et patrio artificio surgentes filios (*); mais, ce semble, seulement
comme statuaires; et il est par conséquent raisonnable de conclure que Pietro
Lombardo n’ avait pas encore fait ses preuves comme constructeur dans des
bâtisses de ce genre, et c’ est là sans doute une des principales raisons pour
lesquelles on ne jugea pas opportun de lui confier les divers travaux de la
construction de l’Eglise de S. Giobbe, et il pourrait bien se faire que le concept
artistique du presbyterium et des susdites petites Chapelles fût de Bellano. Ce
que l’on pourrait encore supposer avec beaucoup de vraisemblance, c’est que
Lombardo sculpteur et de plus ornemaniste de talent fut ici chargé de la
direction de la plupart des décorations auxquelles il employa ses fils et plu
sieurs des meilleurs maîtres de son pays.
A la mort du Doge Moro le corps de cette Église ne s’avançait au couchant
que jusqu’ au point correspondant actuellement à la division qui sépare la
Chapelle de Sainte-Marguerite ou de la famille Canton (T) de celle de la Ma
done ou des Martini (O).
Les legs abondants de ce prince et les instructions données par lui dans
son testament, pour mener à terme 1’ œuvre avec la plus grand soin, ne peu
vent laisser place au doute qu’ elle n’ ait atteint et bientôt en longueur les
limites actuelles et que par là même on n’ ait mis immédiatement la main (si
elles n’ étaient déjà exécutées) aux décorations en marbre de 1’ entrée princi
pale; la seule partie de la façade qui ait été décorée.
Dans cette porte (v. PI. 40 et 41), outre le mérite de l’ensemble, les bons
rapports, le relief et les profils des éléments architectoniques plus robustes
que dans celle de S. Michel de Murano, outre la forme bien développée du
frontispice arqué, on admire et les statues des acrotères, et le délicat bas-relief
du tympan, et les ornements si exquis des pilastres, des chapiteaux symboli-
O Texte It. pag. 194.