LA RENAISSANCE.
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une certaine angulosité dans la manière de disposer et de modeler les plis des
vêtements, semble jusqu’à un certain point trahir l’influence de Bellano. Je
crois d’ailleurs retrouver 1’ auteur de cette sculpture dans le bas-relief repré
sentant Saint Augustin et des moines, sur la porte du Couvent de S. Étienne
( v - fié• 99)i e t dans celui aujourd’ hui sur le côté extérieur de l’Église des
Jésuates (v. fig. 100). Peut-être doit-on encore au même maître les petits pi
lastres de la maison Memmo (v. PI. 52 fig. 2 et 3) et les bas-reliefs de la fi
gure 30.
Mais, s’il y a, entre les monuments Roselli et Malipiero, des différences
relativement au caractère de certains détails et à 1’ exécution, par contre cette
dernière œuvre se rapproche beaucoup plus et s’ harmonise, spécialement au
point de vue architectonique, avec la porte de S. Giobbe, si bien qu’ on peut
la considérer comme ayant été conçue par le même maître qui doit, à mon
avis, avoir au moins passé par 1’ atelier de Bellano. Ceci a en outre sa raison
soit dans le bas-relief, soit dans la forme du nu des porte-écusson du monu
ment Roselli; sculptures où je considère moins le ciseau peu gracieux de Bel
lano, que les initiales de celui qui devait plus tard exécuter les belles sculptures
juvéniles aux côtés du protagoniste et le bas-relief terminal du mausolée du
Doge Pietro Mocénigo (v. PL 62). Je veux dire Pietro Lombardo, auquel j’ attri
bue également et les trois statues décoratives du monument Malipiero et excepté
la statue de S. Antoine (qui plus encore que les autres a de grandes analogies
avec celles que Bellano ou ses élèves exécutaient précisément alors pour la
Sacristie du Saint à Padoue), les sculptures beaucoup plus finement traitées de
la porte de S. Giobbe.
L’illustre professeur Bode découvrait encore les caractères de Bellano
dans le bon bas-relief qui à 1’ origine ornait 1’ entrée de la Scuola de S. Jean
l’Évangéliste (v. fig. 31)-, mais s’il a tout à fait raison (spécialement pour la
draperie) relativement à la figure du protagoniste (v. fig. 101 et 102), 1’ une des
meilleures de ce maître, j’ose dire que dans presque toutes les autres s’accu
sent plus évidentes les élégantes et bien plus géniales manières de Pietro
Lombardo.
Peut-être quelques-uns trouveront-ils étrange cette compénétration de
ciseaux dans un même travail, et certainement peu important; mais nous en
avons de nombreux exemples dans les œuvres mêmes de Pietro Lombardo et,
pour en citer un proche de nous, je nommerai la pale de 1’ autel Gussoni à
S. Lio. D’ un autre côté il n’ y a là rien d’étonnant quand on songe que, à
cette époque, les artistes principaux, et je parle aussi bien des peintres que
des sculpteurs, voyaient affluer les commandes de toute part, et n’ avaient pas
toujours les moyens suffisants pour répondre d’une manière parfaite et avec
ponctualité à leurs engagements.
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