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SECONDE PARTIE
toutes les modénatures (semblables à celles du monument Suriano) soit pour
les proportions, soit pour le mouvement des profils, témoignent du goût dé
licat de l’architecte.
Parmi les ornements variés répandus à profusion dans cette œuvre il faut
donner une attention particulière à la gracieuse composition du catafalque,
aux décorations du stylobate, des niches et de la bordure qui a de grandes
analogies avec celle qui court en bas dans la nef de S. Marie-des-Miracles.
La décoration statuaire (excepté les médaillons romanisants, des panaches
et cette espèce de cariatides ou mieux télamons à moitié transformés en ani
maux qui supportent le plan ou la corniche sur laquelle reposent les colonnes
et le cercueil) s’ appuie sur un concept allégorique chrétien, rendu par l’image
du Rédempteur dans le haut, par les quatres vertus Cardinales dans les côtés
et par le bas-relief de la lunette, dans lequel le Doge protégé et assisté par
S. Marc et par S. Georges implore la bénédiction de 1’ Enfant qui est sur le
sein de Marie assise sur un trône. Sujet bien développé qu’ on voit reproduit
sur beaucoup d’autres monuments funéraires et dans plusieurs tableaux.
Dans cette composition la forme de 1’ Enfant a peu de valeur et çà et là
apparaît timidement le conventionnalisme des fils de Pietro Lombardo, parti
culièrement dans la figure de S. Georges. Dans le vêtement de la Madone les
lignes des plis et la façon dont elles sont exécutées rappellent très bien l’ange
assis sur le Tombeau du Christ dans le bas-relief terminal du susdit monu
ment Mocénigo.
Légères sont les proportions de statues de femmes dans les niches, et les
têtes qui ont des analogies avec 1’ Annonciation dans 1’ arc de triomphe de
S. Giobbe ne sont pas dénuées d’expression. La forme plutôt large des deltoïdes,
le modelé arrondi des bras, le goût avec lequel sont traitées les mains et la
façon d’équarrir et de détailler les plis, des vêtements, qui sur certains points
donnent même l’idée de la soie chiffonnée ou de linges humides collés sur les
membres, tout cela, dis-je, a de telles analogies avec les travaux déjà étudiés
ou cités de Pietro Mocénigo, qu’ on ne peut hésiter à lui assigner encore ces
sculptures.
Certains critiques voudraient au contraire les attribuer à 1’ auteur des
principales statues du mausolée Tron, c’est-à-dire à Antonio Rizzo; mais bien
différente est la forme des corps de femmes sculptés par ce maître et en par
ticulier quant aux rapports anatomiques entre les épaules, le thorax et le bassin.
Ni les figures de femmes aux côtés majestueux, ni la forme et les attaches des
membres et des extrémités, ni le choix des poses et encore moins la manière
d’arranger les vêtements, ne peuvent le moins du monde se prêter à cette
adjudication.
Sans doute Rizzo, comme tout grand maître de la Renaissance, doit avoir