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SECONDE PARTIE
par les cheveux une autre femme avec bandeau qui essaie de se dégager de
lui. Les figures angulaires de ce socle sont dépourvues d’ailes.
Il me semble bien, en outre, que dans ce vieillard et dans cette femme
qui est à côté de lui l’artiste a voulu représenter deux époux, établissant de
cette façon un lien avec la première composition de l’autre piédestal, où dans
l’amour est personnifié le printemps ( 1 ).
Excepté le? amours, toutes les autres figures se terminent en bas en pinnes
et queues d’écaille fourchues en guise de sirènes; mais en cela, au lieu de
découvrir l’idée directe d’une allusion à la mer, d’ailleurs convenable, je vois
une intention décorative, car le sculpteur n’ aurait pu sans un grave défaut
d’harmonie, par rapport aux proportions des autres parties de cet ordre,
faire ces figures ou autres complètes et par conséquent plus petites; et 1’ on ne
pouvait certainement d’une manière plus heureuse ou sous une forme plus
appropriée relier dans les angles les diverses compositions.
Quoique dans la construction du chœur Pietro Lombardo ne figure plus
comme entrepreneur général des travaux, mais seulement en qualité de proto,
il n’ y a pas toutefois 1’ ombre d’un doute qu’ il n’ ait été directement chargé
d’une partie de ces décorations, dont les plus importantes durent être exécutées
dans son atelier. Et même si 1’ on examine d’autres sculptures des ses fils,
dont je parlerai plus loin, on est amené forcément à attribuer à Tullio et
principalement à Antonio Lombardo celles si importantes des socles des susdits
piédestaux.
Et ici excepté la redondante carnosité des amours (caractéristique que je
rencontre dans presque toutes les figures congénères de ces frères et beaucoup
plus dans celles de Tullio), à part quelques légers défauts dans les emman
chements et une certaine raideur des doigts des mains, autre distinctive de ces
sculpteurs, la partie figurée, quant au reste, est conduite avec une rare élégance
de forme. Qualité qui est surtout apparente dans le côté intérieur du socle
de droite, c’est-à-dire dans les deux figures angulaires et dans la tête du génie
qui est au milieu, admirable et pour la beauté des traits, et la géniale expres
sion et la morbidesse incomparablement agréable avec laquelle elle a été
exécutée ( 2 ).
A propos de cette tête Ruskin écrivait: « celui qui put la sculpter si par-
» faite, devait manquer de tout sentiment humain pour la représenter courte
» et liée par les cheveux à une branche de vigne. » Et les ailes déployées? Et
le sentiment de douceur et de joie qui transpire de ce visage? C’est autre
chose qu’ une décapitation !
Passant ensuite à 1’ examen des parties ornementales, non moindre est
1’ impression agréable et inoubliable que produisent et les souples et élégants
P 2 ) Texte It., p. 212.