LA RENAISSANCE.
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les feuillages que l’on aperçoit dans le côté à gauche, que dans le vase de la
face tournée vers le chœur, comme dans plusieurs petites têtes humaines, je
découvre des analogies avec plusieurs décorations autour du soubassement des
deux colonnes grandioses et bien proportionnées de la grande place de Ra-
venne (v. jig. 136 et 137) surmontées autrefois du lion de S. Marc et de la
statue de S. Apollinaire j 1 ), qu’avait fait élever le podestat Bernardo Bembo,
membre de la Seigneurie de Venise, et que Pietro Lombardo signa en 1483 de
son nom.
Pour Ravenne encore, où l’on pourrait voir plusieurs autres souvenirs de
ce maître et d’artistes alliés, il avait déjà projeté d’abord la Chapelle où se
trouve le tombeau (v. jig. yo) élevé par lui en l’honneur du Dante (très pro
bablement le bas-relief fut sculpté à Venise).
Les luxuriantes compositions ornementales du susdit pilastre de S. Ma-
rie-des-Miracles offrent toutefois un contraste avec les compositions relative
ment simples et grêles, quoique bien tracées, de l’autre support de la tribune
ou cantorie (v. PI. 13 iîg. 4 et 5). Dissonance en réalité non légère dans la
forme de deux supports égaux et rapprochés, d’ailleurs et étrange, étant donné
la grande habileté connue de Pietro Lombardo à équilibrer entre elles déco-
rativement toutes les autres parties organiques et symétriques de cette Eglise.
Quant au premier de ces deux pilastres et à propos des innombrables
et divers éléments empruntés à Part antique qui en composent les décora
tions, on se demande si l’artiste n’a pas voulu s’en servir, non seulement
dans un but ornemental, mais encore pour une expression allégorique, les
réunissant en outre de manière qu’ à chaque composition pût répondre une
seule idée ou concept unitaire.
Et si j’ai voulu m’en occuper, ce n’est pas seulement à titre de curio
sité ou encore pour en faire la matière d’une digression transcendentale; mais
parce qu’ on pouvait en tirer une appréciation relative à la plus ou ou moins
grande souplesse du talent de celui qui exécuta ces travaux et encore pour
savoir jusqu’à quel point les maîtres d’alors identifiés avec le milieu pou
vaient mettre d’accord les tendances au classique avec le caractère religieux
de 1’ édifice et pouvoir ainsi distinguer de quel côté penchait la balance.
Et sans m’arrêter ici aux nombreux essais d’interprétation, je fais grâce
au lecteur de tous les points d’interrogation qu’ amènerait un compte rendu
complet et vais dire de suite un mot de ce que j’ ai pu, ou encore su, relever.
En examinant la face intérieure de ce pilastre, à savoir celle qui regarde
1’ entrée, il n’ est pas très difficile de reconnaître que le nœud idéal entre les
différentes parties de la composition n’ est pas très apparent et laisse toujours
des doutes à cause de l’équivoque des attributs (v. PL 13 fig. 1, 2 et 3).
(!) Texte It., p. 214.