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SECONDE PARTIE
Dans l’intérieur de l’Église, comme je l’ai remarqué, les parois latérales
de la nef furent tout d’abord revêtues de marbres en bas seulement sur la
hauteur du stéréobate et peut-être avait-on l’intention de décorer le reste de
peintures; mais (à ce que je crois), dans la première moitié du XVI e siècle
les revêtements furent encore étendus à toute la partie supérieure, et comme
de cette façon ils étaient plus en saillie que les fenêtres et les extrémités des
consoles des supports, il fut alors nécessaire d’en retoucher et tailler en biais
les quadratures, elles aussi autrefois de pierre noire de Vérone ( v. PI. 3,
4 et 8 ).
Lors des dernières restaurations ces revêtements de marbre violet et
autres encore qui étaient tombés en ruine, furent remplacés par de grandes
plaques de Serravezza disposées sans préparation.
Dans la partie inférieure et sur le devant du palier on aperçoit enfermées
dans des bandes de brocatelle rouge véronais des plaques de divers marbres
grecs et spécialement cipolins, quelques-uns d’acquisition récente.
On revêtit encore de joli violet ( dont il reste encore quelques morceaux
ou fragments) la chapelleries parois des côtés de l’arc de triomphe, les fonds
des dossiers et des miroirs des ambons (PI. 15).
Ce qui contribue aussi beaucoup à animer cette décoration si étendue,
ce sont les disques de porphyre, de jaspe, de serpentin diversement distribués
et groupés dans les parties les plus en vue du Sanctuaire et surtout dans la
grandiose et élégante croix avec pied ( v. PL 3 et 4), qui remplit si magistra
lement le large espace entre les deux fenêtres du fond du chœur (').
Et d’autres de ces rares marbres enrichissent encore d’avantage les gra
cieux tabernacles du palier et le centre des parapets de 1’ autel déjà si riches
et admirés pour les combinaisons variées et ingénieuses des jours creusés
( v. PI. 30) avec une habileté consommée par un maître qui put étudier des
fragments anciens et peut-être encore quelque travail identique du VI e siècle
existant à Ravenne (v. fig. 144).
Le lecteur, en parcourant ces lignes croira peut-être que revenir main
tenant sur les décorations sculpturales, c’est m’écarter de mon sujet; mais
en cela je n’ai d’autre tort, à mon avis, que de subir l’une de ces nombreuses
suggestions intermittentes par lesquelles quiconque visite ce monument, quand
il repasse, pour un motif quelconque, sur les choses déjà examinées, se sent
délicieusement entraîné à en savourer de nouveau les beautés; et pas toujours
longuement, parce que 1’ œil même le plus captivé n’ échappe pas aux sé
ductions d’autres objets voisins. Ainsi des parapets le regard se porte sur les
délicats ornements des gracieuses consoles des sièges (v. PI. 15 fig. 2 et PI. 29
fig. 1 et 2 ), de celles-ci aux niellures des gradins de l’autel (v. PI. 4 et 30),
(*) Texte It., p. 219.