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SECONDE PARTIE
de plusieurs pas comme on F a dit-, intention qui ne put même pas venir à Fidée
de Pietro Lombardo; mais parce que le plan des fonds semble éloigné d’une
dizaine de centimètres plus qu’ il n’ est en réalité.
Une autre preuve de la tendance à prodiguer les décorations nous est
offerte par la division de la haute bande située sous la riche corniche inférieure,
dans laquelle sont répétés des griffons ou autres semblables animaux fantasti
ques tenant entre eux des patères de marbre, sculptés d’ailleurs avec beaucoup
de bon goût.
Quoique le couronnement de la façade doive être attribué à Mauro Co-
ducci, je crois cependant que, d’après le plan primitif, le corps principal de
vait porter des statues et voilà pourquoi je conclus qu’ elles étaient en grande
partie achevées en 1490.
Quelques figures rappellent le monument du Doge Malipiero, et les
anges (') sur les côtés du grand fronton furent peut-être, eux aussi, sculptés
dans l’atelier des Lombardo. Excepté du reste les deux bonnes statues de
S Théodore et de S. Georges disposées dans les niches et qui ont beaucoup
de ressemblance avec les sculptures de Tullio, toutes les autres sont des travaux
exécutés simplement et chez lesquels le soigné de la facture est en raison in
verse de la hauteur.
J’ignore absolument quel est F auteur des deux saints aux pieds de l’archi
volte du portail et je ne sais si dans la partie-ouest de la Scuola ( 2 ), dans les
édicules qui autrefois flanquaient celui de la cloche, démoli en 1808 ( 3 ), furent
jamais p’acées des statuettes.
D’ après Sansovino, « les deux carrés de mi-relief placés sur les côtés du
» portone, avec deux miracles de S. Marc » (v. PI. 98 ) » sont de Tullio Lom
bardo » ( 4 ). Et en effet cette assertion est si largement confirmée par les ressem
blances avec les autres œuvres de ce maître qu’ elle n’ a pas besoin d’avoir
l’appui d’un document écrit.
De même dans le bas-relief du baptême, les formes rudimentaires du nu
et les grossières proportions des figures me feraient presque soupçonner que
le marbre, certainement achevé par Tullio. fut ébauché par un autre ciseau.
Autant que le permettent F état de conservation et les restaurations, on
remarque dans ces travaux de bonnes têtes et spécialement dans les fonds où
certaines attitudes de femmes ont été empruntées à quelque ancien fragment ;
les divisions des plis, quoique recherchées, sont dans F ensemble bien com
posées et F exécution en est très soignée. Toutefois on essaierait vainement d’y
retrouver le souffle d’un grand artiste ; au contraire tout y est presque insipide,
conventionnel et l’on entrevoit désormais dans ces œuvres un sculpteur en
train de se cristalliser dans la froide et servile imitation des marbres antiques.
( 1 î 3 4) T e X te It. pag. 226.