Full text: La renaissance (Seconde partie)

LA RENAISSANCE, 
19S 
» hasard trop courtes, 1’ architecte fut obligé de recourir à un expédient pour 
» les allonger. Ce fut d’ajouter et de mettre entre 1’ escape inférieure de la 
» colonne, et la base une pierre ornée à 1’ entour de festons de fleurs, et fruits 
» très gracieusement sculptés. Andrea Palladio, environ un siècle plus tard, se 
» trouva en présence d’un cas identique, dans 1’ Église de S. Georges-Majeur, 
» et il s’ en tira en y faisant une addition d’un ornement de feuilles, s’inspirant 
» de ce qu’ on voit encore aujourd’ hui, sous les colonnes de porphyre de la 
» chapelle octogonale (qui est l’ancien baptistère de Rome) dans l’Église de 
» S. Jean-de-Latran. Mais le procédé de Lombardo, à mon avis, est bien meil- 
» leur. Car un tronçon est capable de supporter un poids et non un buisson. 
» Aussi m’ étonné-je que Palladio, lequel devait avoir vu cet expédient de Lom- 
» bardo, ne s’en soit pas plutôt servi que de celui de Rome ( 1 ) ». 
Nous avons du procédé que vante Temanza un exemple dans le portail 
de la Scuola de S. Marc et, comme on 1’ a vu, Mauro Coducci 1’ employa 
également dix ans plus tard dans la Chapelle Bernabò à S. Jean-Chrysostôme. 
Il est bon d’ailleurs ici de ne pas perdre de vue que le concept de cette 
forme typique apparaît déjà parmi nous dans l’Église de S. Zacharie et que déplus, 
et d’une manière beaucoup plus capricieuse, elle est 1’ un des caractères les 
plus saillants de l’Art lombard delà Renaissance. Et à ce propos, et spécia 
lement au point de vue de l’influence exercée par cet art si indépendant, il 
ne faut pas oublier que dans plusieurs villes de la Vénétie on obéit moins au 
besoin de trouver un expédient qu’ au caprice en altérant ainsi la forme des 
colonnes jusqu’ à leur enlever en grande partie le caractère rationnel de sup 
ports, comme on le voit dans la plupart des autels monumentaux des Eglises 
vicentines (v. PI. 132, fig. 2 autel de S. Corona). 
Quel à été le sort des colonnes de la Chartreuse, on l’ignore; il semble 
toutefois qu’ un procédé identique fut aussi adopté peu après dans quelques 
autres parties de l’Église, car parmi les fragments qui proviennent de cet en 
droit et que les antiquaires se sont passés de main en main avant de les vendre 
à 1’ étranger, j’ ai eu 1’ occasion de voir un tronçon et un fût presque entier 
de pierre istrienne dont les ornements, soit par le dessin, soit par la sculpture, 
étaient entièrement identiques à ceux d’une chapelle de Sainte-Anastasie de 
Vérone (v. PI. 46 fig. 2). Et dans cette Église ( ibid. fig. 1) et encore dans 
plusieurs autres monuments véronais, on retrouve les manières décoratives de 
maîtres lombards qui travaillèrent à Venise, et il n’ est pas rare de retrouver 
même répétés dans certains palais les motifs ornementaux des pilastres de l’arc 
de triomphe de S. Marie-des-Miracles. 
Provenait encore de Saint-André de la Chartreuse le fragment d’une frise 
de pierre istrienne, vendu à 1’ étranger par Lorenzo Seguso, où étaient sculptés 
P) Texte It., p. 227.
	        
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